10e Festival du Jamais Lu Paris

Pour illustrer cette dixième édition d’une radieuse union des imaginaires québécois et français, un éléphant bicéphale vient nous parler de mémoire, d’identités miroirs et de pattes rassemblées.

À travers son regard et les nôtres, les textes de cette année vont nous rappeler que la survie des systèmes ne tient toujours qu’à la solidarité des faiseurs et des faiseuses, qu’à celleux qui décident d’en donner un peu plus que demandé, et qu’aux histoires qu’on choisit de se raconter pour ne pas passer son temps à hurler. Ils diront le secours et ils diront la vigie.

Nos coeurs seront enjoués, certes, mais nous n’allumerons pas de bougies sur des crémages pailletés. Nous n’apposerons pas de chiffre 10 en cire sur un gâteau des anges, sur un pudding chômeur ou sur une brioche miellée.

Pas qu’on n’aime pas la fête : ensemble, on la fait tous les jours.

C’est simplement qu’on va réserver nos forces pour faire tenir dans la durée cette passerelle fragile, puissante et patiente qu’on a lancée au-dessus de l’Atlantique depuis 2015, entre Montréal et Paname.

Avec nos muscles. Avec nos mots. Nos bonheurs ou nos doutes que rien ne trompe.

Par les temps qui courent, il est assurément bon de penser plus loin.

 Être joyeux n’empêche pas de rester lucide.

La joie, la vraie, s’épand dans la vigilance et non pas dans l’étourderie.

Nous n’allumerons pas de bougies mais nos regards resteront radars et rayonnants.

On ne chantera pas Happy Birthday, mais nos voix crépiteront de mercis pour celleux qui méritent, plus que tout, de se laisser parler d’amour : aux auteurices qui continuent de nous envoyer des manuscrits par centaines chaque année, aux équipes mobilisées de Théâtre Ouvert et du Jamais Lu qui s’entêtent à les mettre debout sur des plateaux éclairés, aux acteurices et metteur·euses en lecture qui embrassent toutes nos fictions croisées, et aux partenaires qui renouvellent leurs voeux fidèles de fois en fois.

Si vous êtes déjà venu·e·s fureter dans nos parages, vous savez qu’on n’aime jamais quand c’est trop solennel, mais on ne se privera quand même pas de donner la bascule à Marcelle Dubois, fondatrice du Jamais Lu, qui cède les rênes de l’organisme à Éric Noël avec la même élégance de queen qui l’a guidée durant 25 ans. On lui dira, à travers nos rires et nos applaudissements, notre reconnaissance infinie. Parce que c’est un peu beaucoup grâce à elle, tout ça, tout ça.

Bonne et mémorable édition 2025.

Marc-Antoine Cyr et Éric Noël
codirecteurs artistiques du Jamais Lu Paris