Type de spectacle : Mise en voix
Seuls les vivants peuvent mourir
Seuls les vivants peuvent mourir construit une dramaturgie dans une zone de l’espace-temps où les choses fuient, s’estompent, s’échappent. Nous sommes dans ces moments de la vie, où la confusion des personnes, des mots et des actes est persistante. Cette confusion est contagieuse. Nous sommes à ce moment de la vie où les êtres s’amenuisent, où la vie hoquette et commence à faire défaut, où le présent se mélange aux souvenirs.
Aurore Jacob réussit, par sa langue et sa construction dramaturgique, à nous faire entendre concrètement la confusion de ces moments. Elle nous conduit en lisière de cette fin de vie dans une apesanteur qui allège le tragique de l’histoire, sans pour autant en diminuer la profondeur.
Ces instants décisifs réactivent le récit familial et les connections intimes de notre rapport à la mort. À travers une apparente quotidienneté des échanges, elle saisit sur un mode mineur l’intensité des enjeux et creuse ainsi, grâce à une stylistique et une composition rigoureuse, le compte à rebours qui est en route, pour chacun de nous.
Madeleine Louarn
Le texte est paru aux éditions Tapuscrit / Théâtre Ouvert
Production Théâtre Ouvert
Théâtre Ouvert poursuit avec Aurore Jacob un parcours qui a commencé il y a quelques années et s’est concrétisé avec la parution de sa première pièce Au bout du couloir à droite et la mise en espace de celle-ci par la chorégraphe Olivia Grandville à l’initiative de Théâtre Ouvert créée en 2014 dans le cadre du Focus à Théâtre Ouvert.
Cette mise en espace a été été reprise en 2015 au TU-Nantes dans le festival Flash Danse # 4 et à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon.
par Madeleine Louarn
avec Chloé Dabert, Stéphanie Farison, Charline Grand, Pierre-Félix Gravière, Benjamin Monnier
KATRINA – Isle de Jean Charles, Louisiane
Isle de Jean Charles est une langue de terre située aux confins de la Louisiane. Elle est la première victime d’une érosion côtière qui ronge la région depuis des siècles, décuplée par les effets des tempêtes qui balaient régulièrement le Golfe du Mexique. Avec elle, une communauté d’Indiens issus de trois tribus – Biloxi, Chitamacha et Choctaw – coule doucement.
Pêcheurs de père en fils, les Indiens d’Isle de Jean Charles ont comme autre particularité de parler partiellement le français des Cajuns, descendants de Français chassés d’Acadie par les Anglais en 1755 et réfugiés en Louisiane. On y va. On y passe, un jour.
Frank Smith, écrivain et vidéaste, joue à merveille de la langue et des sons, en mêlant enquête, poésie et récit pour décrire le quotidien déclinant des habitants de cette île.
Le texte est paru aux éditions de l’Attente
création sonore originale Gilles Mardirossian
Pas pour tout le monde
« Soit nous faisons de notre vie un roman, soit on ne s’en sortira jamais »
Douglas Coupland. Génération X
Pour cette pièce répondant à une commande d’écriture sur l’après chute du mur de Berlin, Dirk Laucke s’intéresse aux oubliés de la réunification dans une sorte de road-movie statique situé non loin de la frontière entre l’Allemagne et la Tchécoslovaquie. Un ancien conducteur de char de la RDA, un couple de paumés qui fait du trafic de cigarettes et de CD de musique néonazi, un loup, un camion rempli de réfugiés chinois… Des destins sacrifiés qui s’accrochent à leurs rêves dans l’attente de les voir se réaliser et qui s’agitent pour s’en sortir. Dans ce monde de la débrouille et du chacun pour soi, la langue est rude, directe, et devient même le lieu du refuge quand la fiction est le seul salut.
Simon Delétang
Dirk Laucke, né en 1982 dans l’ex-RDA, est considéré comme l’un des représentants les plus emblématiques de sa génération en Allemagne. Critiques et public sont unanimes à reconnaître ses talents de dramaturge. Il pointe, dans ses pièces, une société allemande à deux vitesses en donnant la parole aux individus oubliés de la réunification.
Production Théâtre Ouvert
Avec le soutien de la Maison Antoine Vitez, de Fabulamundi-Playwriting Europe, du programme culture de l’Union Européenne
par Simon Delétang
avec Julien Allouf, Pierre Baux, Deborah Marique, Victoria Quesnel
Effleurement
Dans un salon de coiffure en banlieue, la coiffeuse reçoit la visite de sa mère, qui souhaite l’inviter à fêter un anniversaire dont on ne sait s’il est celui d’une naissance ou d’une mort. Les gestes de la coiffure (shampoing, coupe, teinture, séchage) sont à la fois la tentative et l’échec du contact, un effleurement sensuel et destructeur entre les deux femmes, par lequel le corps de la mère (Puce), obèse, passif, par opposition à celui de sa fille (Bouboule), très maigre, tente de changer d’apparence. Leur conversation est rythmée par une radio grésillante qui interfère dans leur tentative de (se) parler, les bruits des voisins, qui tous les soirs se lancent dans une étrange course poursuite à la recherche de leur bébé perdu, et par les coupures de courant, qui les plongent dans une obscurité inquiétante et rédemptrice.
Production compagnie Pétrole
Co-production Studio-Théâtre de Vitry, Comédie de Reims, Théâtre Ouvert avec le soutien de la Région Ile-de-France.
Avec le soutien du Théâtre de Vanves, de la SPEDIDAM
La pièce sera créée en mars 2016 au Studio-Théâtre de Vitry
trad. du croate par Christine Chalhoub
par Clara Chabalier
avec Pauline Jambet, Caroline Darchen
avec les voix de Clara Chabalier, Alexandre Pallu, Pierre et Anselme Barché
création sonore Julien Fezans
création lumière Philippe Gladieux
Le Brady, cinéma des damnés
Ce livre propose la « biographie d’un lieu », Le Brady, dernier cinéma permanent de quartier parisien. L’auteur, qui y fut projectionniste dans les années 2000, a tiré de cette expérience un texte foisonnant, drôle et informé. Il met en scène ses collègues, son propriétaire Jean-Pierre Mocky, les fondus de films « bis » (fantastique, gore, kung-fu, western-spaghetti voire moussaka, porno), mais aussi d’autres spectateurs atypiques (sans-logis, retraités maghrébins, amateurs de brèves rencontres), et tous les riverains occasionnels (prostituées, coiffeurs afro, soiffards).
Le brady, cinéma des damnés reconstitue la mémoire des années turbulentes d’une salle obscure inclassable, comme le documentaire subjectif qui s’en inspire. Une somme inventive et attachante qui satisfera la curiosité de ceux qui croient encore que l’aventure est au coin de la rue.
| Extrait : |
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LES HABITANTS DU BRADY Il était toujours là. Au 39 boulevard de Strasbourg, dans le Xe arrondissement de Paris. Normalement, ce cinéma de quartier aurait dû disparaître. Depuis les années 80, au moins. Comme les autres. Mais le mot « normal » et le Brady ne se sont pas côtoyés souvent. Ce cinéma, c’était un peu le Titanic. Avec une originalité : il n’arrivait jamais à couler définitivement. Sa fermeture était sans arrêt annoncée, et pourtant il était toujours là, penché au bord de l’abîme. Un Titanic canard de bain, on le pousse vers les abysses et il remonte. Pour certains, le Brady était comme une bouée, c’est qu’ils avaient presque touché le fond. Quand j’ai commencé à y travailler, en octobre 2000, un seul employé devait tenir la caisse, projeter les films et plus ou moins surveiller ce qui se passait dans la salle. Une tâche difficile. — Tu parles ! Y’a des taches que j’arrive pas à nettoyer ! Ils ont du sperme de chacal ! pestait Daniel, l’homme de ménage. Un grand maigre aux cheveux longs, à la barbe christique de hippie revenu d’Inde, qui terminait son boulot quand j’arrivais. Il les frottait, les astiquait, ces dossiers de sièges. À 13h30, j’ouvre le cinéma. Devant les grilles, ils commencent à s’impatienter. Bouboule s’approche avec son litre de bière et sa grosse tête. Il termine sa canette. « Kadhafi » crache dans la rue avant d’entrer. Il a un peu l’air du dictateur – d’où le surnom. Sauf qu’il n’a pas son style fantaisie, il porte une parka verte défraîchie et un gros bonnet gris, hiver comme été. Claude, le petit bossu, se hâte en claudiquant dans l’escalier. D’une main tremblante, il s’aide d’une béquille trop courte, probablement trouvée, qui l’oblige à avoir une démarche encore plus bancale. Nos spectateurs sont presque tous des estropiés, mais il n’y a pas de rampe dans cet escalier. En plus, la marche piège et ses quelques centimètres de plus que les autres, trouve toujours le moyen de faire trébucher ceux qui remontent. Un client pose des questions. C’est un spectateur normal, pas un habitué. Une exception par ici. Les autres ne disent rien, ils connaissent par cœur. Ce qu’ils veulent c’est se coucher et dormir, pas regarder un film ou poser des questions. Se coucher n’est d’ailleurs pas le bon mot, sur un fauteuil de cinéma on s’affale, les accoudoirs ne se relèvent pas. Si nos spectateurs se couchaient, le cinéma ressemblerait trop à un dortoir. Ils dorment donc assis. Ils préfèrent ça plutôt que de d’aller dans un foyer pour sans-abri, les chaussures attachées autour du cou pour pas qu’on te les vole, ou dans la rue, la bouteille sous le cou pour pas qu’on te la siffle. Dormir le jour peut paraître curieux, pourtant la plupart des hommes sans logis dorment le jour. Par peur des agressions. Alors tant qu’à faire, dans une salle obscure, on peut au moins s’imaginer que c’est la nuit. |
En partenariat avec les éditions Verticales
par et avec Patrick Pineau
Nous suivons dans Paradis les pensées d’un homme qui a subi l’internement et ressasse les souvenirs d’une rencontre.
Il croyait vivre en enfer et ne voyait plus autour de lui que des raisons de désespérer. Il se moquait de Cathie et s’employait à lui inspirer le dégoût de l’enfance et la haine de ses parents. Il rêvait sa vie d’après. Ses plans d’avenir étaient simples. Il irait chez le coiffeur, achèterait des vêtements neufs et trouverait un travail. Il ne douterait plus de lui-même. Un jour, c’est sûr, il finirait par demander Cathie en mariage…
Sébastien Brebel
Auteur de trois romans et de nouvelles publiées chez P.O.L, Sébastien Brebel écrit ici un monologue inédit pensé pour le plateau.
par et avec Nicolas Maury
A la défense des moustiques albinos
C’est dur d’avoir 40 ans : Marta est au bord de la crise de nerfs !
Une adolescente qui meurt d’envie d’avoir un scooter, un ex-mari activiste écologiste qui interfère dans son travail d’experte auprès du gouvernement.
Dépassée par un quotidien qui devient envahissant, Marta, de plus en plus fébrile, provoque des situations qui finiront par renverser le cours de sa vie.
Dans cette pièce, Mercè Sarrias, dramaturge et scénariste catalane brosse le tableau d’une famille au bord de la crise de nerfs avec une écriture vive, pertinente et drôle, ancrée dans le réalisme social.
Production Théâtre Ouvert
Avec le soutien de Fabulamundi-Playwriting Europe, du programme culture de l’Union Européenne
trad. du catalan par Philippe Soldevila
par Julie Deliquet
avec cinq comédiens du Collectif In Vitro :
Eric Charon, Jean-Christophe Laurier, Julie André, Agnès Ramy, Julie Jacovella
Carte blanche à Stanislas Nordey
Recall Them Corp. de Tiphaine Raffier
Un homme disparait. Sa femme part en croisade pour le ramener auprès d’elle. Le monde dans lequel ils vivent est différent du notre :
Les médecins généralistes sont des généticiens généralistes. Les photographies sont de puissants psychotropes. Les corps sont des enveloppes interchangeables. Les données mémorielles, des denrées rares. Les groupes de croyance rationnelle pullulent mais une seule organisation domine. La vieillesse est une maladie. La mort est une erreur. Le flux des images est un fleuve invisible dans lequel chacun se baigne, sans même s’en rendre compte. L’amour éternel est la seule raison de vivre.
Le premier tiers de ce texte a été écrit à l’occasion du stage AFDAS Créer en collectif, qui a eu lieu à La Comédie de Béthune en juin 2015, avec le collectif SVPLMC.
avec Marc Beaudin, Valérie Dablemont, Marthe Fieschi, Isabelle Mouchard, Augustin Passard, François Praud, Marc Schapira, Anne Seiller, Caroline Stella, Slimane Yefsah
P.P.H. (Passera Pas l’Hiver) de Solenn Denis
Gilbert : Qu’est-ce que tu fais Moumour dans le placard ?
Brigitte : Je trouve plus les toilettes.
Brigitte et Gilbert sont à l’âge où on met ses dents dans un verre d’eau la nuit. La tête bute parfois, la pensée se dévide en spirales. Ils sentent bien qu’ils commencent à filer un mauvais coton. Et, main dans la main, décident qu’ils n’avanceront pas à tâtons.
avec Marc Beaudin, Valérie Dablemont, Marc Schapira, Caroline Stella
