Festival Festival du Jamais Lu-Paris#1

Recall Them Corp. de Tiphaine Raffier

Samedi 17 octobre 2015 à 20h

Un homme disparait. Sa femme part en croisade pour le ramener auprès d’elle.  Le monde dans lequel ils vivent est différent du notre :

Les médecins généralistes sont des généticiens généralistes.  Les photographies sont de puissants psychotropes. Les corps sont des enveloppes interchangeables. Les données mémorielles, des denrées rares. Les groupes de croyance rationnelle pullulent mais une seule organisation domine.  La vieillesse est une maladie.  La mort est une erreur.  Le flux des images est un fleuve invisible dans lequel chacun se baigne, sans même s’en rendre compte. L’amour éternel est la seule raison de vivre.

Théâtre Denise-Pelletier

Le premier tiers de ce texte a été écrit à l’occasion du stage AFDAS Créer en collectif, qui a eu lieu à La Comédie de Béthune en juin 2015, avec le collectif SVPLMC. 

avec Marc BeaudinValérie DablemontMarthe Fieschi, Isabelle Mouchard, Augustin Passard,  François PraudMarc SchapiraAnne SeillerCaroline StellaSlimane Yefsah

Durée : 1h10
Festival Festival du Jamais Lu-Paris#1

P.P.H. (Passera Pas l’Hiver) de Solenn Denis

samedi 17 octobre 2015 à 18h30

Gilbert : Qu’est-ce que tu fais Moumour dans le placard ?
Brigitte : Je trouve plus les toilettes.

Brigitte et Gilbert sont à l’âge où on met ses dents dans un verre d’eau la nuit. La tête bute parfois, la pensée se dévide en spirales. Ils sentent bien qu’ils commencent à filer un mauvais coton. Et, main dans la main, décident qu’ils n’avanceront pas à tâtons.

Centre du Théâtre d’Aujourd’hui

avec Marc BeaudinValérie DablemontMarc Schapira, Caroline Stella

Durée : 50 min
Festival Festival du Jamais Lu-Paris#1

Traversée des écritures de la « génération Jamais Lu »

Samedi 17 octobre 2015 à 16h

En douze textes phares du Jamais Lu à Montréal, découvrez des mondes, des langues, des écritures. Des auteurs. Certains ont déjà été présentés ou montés en France, d’autres débarquent ici pour la toute première fois. Tous font désormais partie du répertoire théâtral québécois. Quinze années de Festival, c’est le temps d’une génération, c’est le portrait d’une ville, d’une époque, d’un presque-pays.

  • YUKONSTYLE, de Sarah Berthiaume
  • Éditions Théâtrales, 2013

Nord du Canada, à la frontière avec l’Alaska, territoire du Yukon, c’est l’hiver. Sur la route principale, Kate fait du pouce dans sa robe de Lolita trash. Yuko, japonaise en exil après un deuil, la recueille chez elle et chez son colocataire, Garin, métis amérindien dont le père Dad’s s’éteint seul, peu à peu. Sur fond de procès de serial-killer, d’apparition de squaw disparue et de corbeau planant au dehors, Yukonstyle raconte la survie du quotidien à travers une écriture libre qui transporte d’espace en espace.

Formée à l’interprétation théâtrale au Collège Lionel-Groulx, cuvée 2007, Sarah Berthiaume est auteure, comédienne, scénariste et cofondatrice de la compagnie Abat-Jour Théâtre. Elle remporte en 2015 le prix Sony Labou Tansi.

  • HABITER LES TERRES, de Marcelle Dubois
  • Lansman Éditeur, 2016

À l’arrivée du printemps, parmi les ours et les outardes, des paysans et cultivateurs de navets défendent leur terre contre les « cravates du Sud ». En effet, un décret du gouvernement va fermer les routes, vendre les arbres, déporter les enfants de ceux qui ont ouvert la région il n’y a pas cent ans. Pour protéger leur identité, les habitants passent à l’action et kidnappent le ministre de l’Occupation du territoire. Une langue boréale s’invente, le réalisme cède le pas au magique.

En 2000, Marcelle Dubois attaque de front les métiers d’auteure, de metteure en scène et de directrice artistique. En 2001, elle fonde le Festival du Jamais Lu à Montréal et en assume toujours la direction artistique et générale. En octobre 2011, elle cofonde le théâtre Aux Écuries, une nouvelle scène pour la relève et les formes alternatives.

  • LA FÊTE SAUVAGE, de Mathieu Gosselin
  • (2006)

Martine organise une fête pour son anniversaire. Et pour Frank, son mari qui s’est pendu, ami de toute la communauté. Un dernier adieu. Et une possibilité de deuil. Alors que les outardes s’envolent, l’esprit de Frank survole une dernière fois la fête, entre les vapeurs d’alcool et les prises de drogues. Il fait froid, il faut que les cœurs se réchauffent.

Depuis qu’il est sorti du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 2001, Mathieu Gosselin a participé à la création de plusieurs productions du Théâtre de la Pire Espèce, du Théâtre de la Banquette arrière et du Théâtre Le Clou. Il est aussi l’auteur de Mélodie dépanneur et Province.

  • ENNEMI PUBLIC, d’Olivier Choinière
  • (2015)

Trois générations sont réunies autour d’un repas de famille. France et ses enfants discutent de tout et de rien sans véritablement s’écouter. Chacun tente de désigner un responsable aux maux qui rongent la société québécoise, un ennemi public, quitte à faire d’un proche le coupable à condamner. Les enfants, dans le salon, reproduisent les schémas des adultes. Les discussions s’entrecoupent, les sujets s’entremêlent.

Diplômé en écriture dramatique de l’École nationale de théâtre du Canada en 1996, Olivier Choinière a participé à plus d’une trentaine de productions théâtrales comme auteur et metteur en scène, mais également comme traducteur. En 2014, il reçoit le prestigieux Prix Siminovitch, qui récompense l’excellence et l’innovation en théâtre canadien.

  • CE SAMEDI IL PLEUVAIT, d’Annick Lefebvre
  • Dramaturges Éditeurs, 2013

Conformisme d’un quartier résidentiel nord-américain. Des jumeaux qui avalent des pièces de Lego et qui parlent à l’unisson. Une mère en tailleur qui saute dans une piscine pleine de bouette. Un père qui caresse davantage son chien que sa femme. Des canifs, un besoin de défusion, un passé qui devait rester enfoui mais qui refait surface. Parents et enfants vomissent leurs difficultés à vivre ensemble. En attendant samedi…

En 2012, elle fonde Le Crachoir, compagnie qui interroge le rôle de l’auteur au sein du processus de création, de production et de représentation. Après J’accuse et La machine à révolte, elle prépare ColoniséEs, son prochain projectile dramaturgique.

  • COUCHE AVEC MOI (C’EST L’HIVER), de Fanny Britt
  • Dramaturges Éditeurs, 2006

Montréal, interminable hiver. Pierre et Suzanne sont ensemble, mais seuls. Tout le monde l’est. Gillian ne s’attache à personne et Hébert, humoriste powerful et insecure, est à la recherche de crédibilité. À travers une mystérieuse enquête, il met à l’épreuve ce couple ordinaire et fait exploser tous les repères. L’amour, le sexe, la fidélité, tout est remis en question. La solitude est d’autant plus cruelle qu’elle se vit parmi les autres.

Fanny Britt est originaire d’Amos en Abitibi et a grandi à Montréal. Après sa sortie de l’École nationale de théâtre du Canada en écriture dramatique, en 2001, elle se met à la traduction et à l’écriture. Elle remporte en 2014 le prix du Gouverneur Général pour sa pièce Bienveillance.

  • LES MORB(Y)DES, de Sébastien David
  • Leméac Éditeur, 2013

Dans un quartier défavorisé de Montréal, deux sœurs confites dans la haine de leurs corps obèses vivent enfermées dans leur appartement. L’une est coupée du monde et ne fait que regarder la télé, l’autre pour s’échapper du quotidien se réfugie sur les réseaux sociaux et fantasme sur un tueur en série. Le réel des deux sœurs devient lui-même poreux et sujet à métamorphose.

Diplômé de l’École nationale de théâtre en interprétation (2006), Sébastien David est aussi auteur, metteur en scène et directeur artistique de la compagnie de création La Bataille. Il a écrit T’es où Gaudreault précédé de Ta yeule KathleenLes morb(y)des et Les haut-parleurs, toutes publiées chez Leméac Éditeur.

  • LÉON LE NUL, de Francis Monty
  • Lansman Éditeur, 2004

Léon le Nul, comme les autres l’appellent, est un garçon trop petit pour être grand. Il veut devenir aussi fort qu’un train et survit grâce à son imaginaire.

Bachelier es arts de l’Université de Montréal, diplômé en écriture dramatique de l’École nationale de théâtre du Canada en 1997, Francis Monty fait de la mise en scène et de la manipulation de marionnettes parallèlement à son activité d’écriture.

  • BASHIR LAZHAR, d’Evelyne de la Chenelière
  • Éditions Théâtrales, 2003

Bashir Lazhar, un homme d’origine algérienne, est engagé dans une école québécoise. L’institutrice qu’il remplace s’est pendue dans la classe quelques jours auparavant. Entre son désir de mettre des mots sur le désarroi des enfants et son parcours d’intégration, il apprend à nommer le monde pour lui, pour eux. Pour continuer.

Auteure et comédienne, Evelyne de la Chenelière écrit plusieurs pièces de théâtre qui ont été montées au Québec ainsi qu’à l’étranger, et traduites en plusieurs langues. Sa pièce Bashir Lazhar a été adaptée au cinéma par le réalisateur Philippe Falardeau sous le titre Monsieur Lazhar, nommé aux Oscars en 2012 dans la catégorie meilleur film en langue étrangère.

  • L’AFFICHE, de Philippe Ducros
  • Lansman Éditeur, 2009

Un journaliste canadien s’immerge au cœur du conflit israélo-palestinien. Mais comme il entre dans un territoire qu’on ne peut pas nommer, il se confronte aussi à l’innommable.

Philippe Ducros est à la fois auteur et metteur en scène autodidacte. Sa démarche personnelle reste très ancrée en de différents pèlerinages menés aux quatre coins de la terre.

  • SAUCE BRUNE, de Simon Boudreault
  • Dramaturges Éditeurs, 2010

Dans le réel surdimensionné d’une cafétéria d’école secondaire, quatre cantinières aux caractères incompatibles brassent la sauce brune du repas de midi tout en déblatérant sans retenue sur leur quotidien. Elles s’expriment avec une langue pleine de sacres, cette langue extrême qui les réunit et les sauve, avant qu’elles ne se noient dans leur marde.

Simon Boudreault a été formé en interprétation au Collège Lionel-Groulx. Il travaille depuis comme comédien, « improvisateur », marionnettiste, auteur et metteur en scène. Il est également l’auteur de As is (tel quel)D pour Dieu ? et Soupers.

  • CLOTAIRE RAPAILLE : L’OPÉRA ROCK d’Olivier MorinGuillaume Tremblay et Navet Confit
  • Les éditions de ta mère, 2011

2045 : le Québec est souverain depuis près de quarante ans, mais ne sait plus qui il est. Un seul espoir de salut : Clotaire Rapaille, qui seul sait comment enorgueillir les grandes provinces du Québec grâce à des codes farfelus dont lui seul a le secret. Ces codes censés révéler à chacune des provinces leur identité véritable. À travers une croisade épique qui vire à l’opéra rock, Clotaire Rapaille doit se battre pour sauver le Québec… et l’humanité toute entière.

Le Théâtre du Futur réunit les comédiens Olivier Morin et Guillaume Tremblay, ainsi que le musicien et compositeur Navet Confit. Ensemble, ils créent un théâtre d’anticipation délirant.

Pour vous procurer les textes inédits, écrivez au CEAD – Centre des Auteurs Dramatiques à Montréal 

Durée : 1h20
Studio 1
Festival Festival du Jamais Lu-Paris#1

Plus ou moins l’infini de Clémence Weill

Vendredi 16 octobre 2015 à 20h

Une enfant organisant un cérémonial lunaire dans les toilettes.
Un scénariste possédé par le fantôme d’un dramaturge disparu.
Le champion du monde de ricochets en interview.
Une veuve se défendant de croire aux revenants.
Le braintrust du premier ministre Shinzo Abe en débat ésotérique.
Le plus grand torero du monde rattrapé par la peur de la mort.
Un crucifié volontaire le jour de Pâques.
L’employé-e du mois et l’employé démissionnaire.
Des parents souriant comme des évangélistes dans un film gore.
Et d’autres.
Une vingtaine de vignettes comme un puzzle.Une constellation.
Les étapes d’un voyage à travers le monde mais dans une même époque : la nôtre.
Des coutumes, des gestes, des superstitions, des croyances, des tocs
Qui, mis bout à bout et en chair, formeraient comme un rituel.
Un rite collectif de ce genre ancestral et toujours vivace : du théâtre.

Festival Transamériques

avec Marc Beaudin, Valérie Dablemont, Marthe Fieschi, Isabelle Mouchard, Augustin Passard, François Praud, Marc Schapira, Anne Seiller, Caroline Stella, Slimane Yefsah

Durée : 1h40
Festival L’Incroyable Matin & Jour

Entretien croisé Nicolas Doutey – Rodolphe Congé

Rodolphe Congé a découvert l’écriture de Nicolas Doutey comme comédien lors d’une session de travail menée à Théâtre Ouvert par Alain Françon en 2011. Il met à présent en scène cette écriture elliptique non dénuée d’humour où la parole est au coeur de l’acte théâtral. 

Rodolphe Congé L’Incroyable Matin et Jour sont deux pièces courtes d’une quarantaine de minutes chacune.

Nicolas Doutey : Ce sont deux pièces courtes indépendantes, je ne les ai pas écrites comme une suite ou comme un diptyque. Même si on y retrouve le même prénom Paul.

RC. Et il y a d’autres résonances entre les deux pièces, l’une se passe dans un intérieur et l’autre en extérieur, mais à chaque fois il y a trois personnages, qui se posent notamment des questions par rapport au lieu où ils sont. Il y a ceci de particulier dans ces pièces, et dans ton écriture, que les personnages ne sont pas en conflit entre eux. Chacun a des problèmes singuliers, mais ils s’entraident.

ND. C’est un côté peut-être un peu utopique, mais auquel je tiens : dessiner des comportements qui font que les choses se passent plutôt bien. Ça passe notamment, je crois, par un certain rapport à la parole et à l’écoute.

RC. Ils s’écoutent et ils s’entendent, et ils tentent de construire en commun, de s’accorder. De ce point de vue c’est comme une micro-expérience de la démocratie. Et leur terrain commun, c’est la langue, une langue qui leur appartient, qui n’est pas celle que nous parlons tous les jours : de même qu’une langue constitue un peuple, ce langage particulier constitue chez eux une petite communauté.

ND. Oui mais c’est en même temps une langue ordinaire – au sens où ça travaille sur du langage courant, et où la parole est toujours branchée sur les situations, les interactions, les comportements.

RC. Et il y a un plaisir à écouter cette langue musicale, par laquelle ils expriment spontanément et très précisément des choses qu’on ressent tous mais qui restent à la limite de la conscience. Ils verbalisent des sensations infimes (vécues réellement par les acteurs sur le plateau). Il y a peu de hors-champ, de référence à un avant ou à un ailleurs : la fiction se construit sous nos yeux, en direct, à partir de sensations présentes – quelque chose ne va pas dans cet endroit, j’ai peur, je ne me sens pas à ma place, j’ai un peu envie qu’il parte…

ND. J’essaie d’écrire au plus près de ce que j’imagine être l’expérience théâtrale, c’est-à-dire un présent « réel », partagé, dans un espace. Beaucoup travaillent ça dans des formes non ou peu textuelles, et le texte de théâtre peut le faire à sa manière. J’aimerais que le texte permette de « susciter » du présent, que la fiction se développe en adhérant à la réalité du plateau et du théâtre – on est au théâtre, on ne va pas l’oublier, et comment faire en sorte que la fiction accueille ça.

RC. Les acteurs mettent en place sous nos yeux une expérience à laquelle on assiste. Ça se rapproche de la performance, et si la forme est travaillée dans l’écriture, c’est pour permettre de reproduire la performance. Mais il y a une histoire, de la fiction, des situations… Ce n’est pas un théâtre « contestataire » au sens où il serait dans une dynamique d’exclusion. Ton écriture cherche à avancer, mais en accueillant plutôt qu’en excluant.

ND. La dimension de l’adresse est très importante pour moi, j’aimerais bien que ce soit inventif évidemment, mais pas pour autant réservé à des « privilégiés », j’aimerais aussi que ce soit adressé, ouvert, et en prise avec l’expérience réelle des spectateurs.

RC. Tes pièces travaillent aussi dans une veine comique. Dans la construction il y a quelque chose de la mécanique comique de la chute, dans la manière dont les personnages cherchent, se trompent, échouent, et recommencent ; ils prennent des chemins de traverse, inattendus. Et c’est très joyeux.

ND. En tant que lecteur ou spectateur ou visiteur, les œuvres qui me plaisent et m’intéressent le plus sont souvent celles qui produisent de la jubilation. Alors si c’est joyeux tant mieux.

RC. Ton écriture est très fine, intelligente, et c’est simultanément extrêmement drôle.