Festival Focus à Théâtre Ouvert - F.T.O#6

La plus précieuse des marchandises

Lundi 25 novembre à 19h

Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron.
Non non non non, rassurez-vous, ce n’est pas Le Petit Poucet ! Pas du tout. Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir ? Allons…
Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand froid. Surtout en hiver. En été une chaleur accablante s’abattait sur ce bois et chassait le grand froid. La faim, elle, par contre, était constante, surtout en ces temps où sévissait, autour de ce bois, la guerre mondiale.
La guerre mondiale, oui oui oui oui oui.

Ce texte, édité au Seuil, a reçu le Prix spécial des libraires et Prix des lecteurs BFMTV/L’Express

par et avec Olga Grumberg

Durée : 1h10
Samedi 23 novembre à 20h30

Quand Baptiste Amann a découvert L’école du micro d’argent du groupe IAM, c’était en l’écoutant au casque audio sur l’une de ces bornes d’écoute que l’on trouvait alors dans les centres commerciaux. C’était à Avignon, en avril 1997. Il avait 11 ans. Cette expérience globale fut pour lui un choc esthétique et sensible, considérable.

La ville mutait. Vos repères disparaissaient les uns après les autres. Le XXe siècle s’enfonçait peu à peu, englouti dans les politiques de ré-urbanisation. Au centre-ville des millions d’euros étaient investis dans la conservation du patrimoine. En périphérie, les mêmes millions étaient investis dans sa destruction. La Rocade Charles de Gaulle, hérissée de barres HLM hideuses, devenait la faille sismique entre deux mondes qui s’éloignaient jour après jour un peu plus.

Extrait de Grandes Surfaces

Ce texte a été créé suite à une commande de la compagnie Ouvre le Chien (Renaud Cojo) pour le festival Discotake à Bordeaux.

Production L’ANNEXE
Coproduction Ouvre le Chien

par et avec Baptiste Amann

Durée : 50 min
Mardi 26 novembre à 20h30

Dans Journal de deuil, à la date du 24 mars 1978, Roland Barthes écrit :

‘‘Le chagrin, comme une pierre…

(à mon cou,

Au fond de moi)’’

 

Ces quelques mots ont décidé de l’écriture d’Une Pierre. Un homme écrit à son frère : procédé de la lettre. Un homme seul, dans une maison. Une solitude extrême, exposée soudainement à la violence de l’intrus. Lettres de deuil et d’appel, envoyées. Des envois, comme une bouteille à la mer, qui entament leur destinerrance… Un voyage d’hiver, non pas littéralement, mais dans la tonalité affective d’un temps qui s’assombrit de plus en plus, dès lors que l’âme devient ‘’un hiver froid et dévasté’’. Lettres de la rage d’expression ? Pour expulser la pierre ? Que devient cette pierre, impénétrable, lourde et sèche, qui serre le cœur et la gorge ? Des lettres éparses déposées comme des lieder. Jusqu’au drame. Chant élégiaque provenant d’un là-bas, ‘’au fond de la nuit sous la glace et l’effroi’’ où siège ‘’la maison qu’éclaire le visage d’un amour’’… d’un amour qui n’existe plus, celui prodigué, jadis, par la mère morte…

Frédéric Vossier

 

Les passages entre guillemets sont extraits de Le Voyage d’hiver de Wilhelm Müller.

 

par et avec Stanislas Nordey

Durée :
samedi 12 octobre 2019 à 20h30

 

Une île japonaise abandonnée par l’économie mondiale et ses derniers habitants.

Une île désaffectée, arpentée seulement par quelques architectes, à la recherche d’une nouvelle utopie, d’un projet qui leur redonnerait du sens.

Un cadavre flotte dans l’eau brûlante d’un onsen, l’un de ces bains japonais aux sources volcaniques.

Laïa, face à lui, tente de reconstruire ses souvenirs : l’agence parisienne ; Benoît et Diane, les deux associé.es ; leur fascination pour leur nouvelle recrue ; mais aussi la rivalité, le désir sexuel à l’oeuvre ; le trio qu’ils ont formé presque malgré eux. Étouffant.

Dans les vapeurs du onsen, le passé lointain revient par bribes. Réapparaît la figure de Toshi, le maître de Benoît et Diane, qui les avait exclus de son agence alors qu’ils étaient prêts à tout pour devenir architectes.

Les temporalités s’entremêlent pour éclaircir le crime, l’identité du cadavre comme celle de son meurtrier. Elles interrogent les mécanismes de pouvoir et de domination sexuelle qui se transmettent inconsciemment de maîtres à élèves, de génération en génération, dans le travail comme dans la création.

ETIENNE.
Tu deviendras une grande
plus grande que tes petits patrons
Mais pour ça faut bouffer nippon

Mise en voix Solène Paré

avec Ambre Dubrulle, Cyril Gueï, Lubin Labadie, Constance Larrieu, Sidney Ali Mehelleb

Durée : 1h15
Jeudi 28 novembre à 20h30

Qu’est-ce qu’on entend derrière une porte entrouverte ?

Sur le berceau de Raoul né à El Tránsito au Salvador, les fées se sont penchées. Fée n°1 : Mama Betty, sa mère, qui lui donne le goût des costumes. Mais la couture, c’est Paris… La fée n°2 y apparaît, sous les traits d’un certain Copi. À l’Opéra, la fée n°3, c’est Rudolf Noureev. Au Théâtre Gérard Philipe, la fée n°4, Stanislas Nordey, fait passer Raoul des coulisses à la scène. Raoul s’est toujours cherché et il s’est toujours trouvé. Il a appris la langue de Molière en apprenant tout Molière. Il s’en souvient encore. Ce soir, de mémoire, si ça lui chante, il nous dira Le Misanthrope. Marcial Di Fonzo Bo, sa fée n°5, a rencontré Raoul il y a des années et lui a donné régulièrement rendez-vous sur scène. Avec Philippe Minyana, ils le mettent en lumière.

Production Comédie de Caen – CDN de Normandie

mise en scène Marcial Di Fonzo Bo

avec Raoul Fernandez

Durée : 1h
Festival Focus à Théâtre Ouvert - F.T.O#6

Je suis perdu – Pièce n°1

Mardi 26 novembre à 19h

Je suis perdu est composé de trois courtes pièces pour les trois mêmes comédien·ne·s. Chacune fait apparaître de manière singulière des aspects conflictuels de la présence d’un.e migrant.e non-européen.ne.

Les pièces convoquent les représentations que nous avons de la personne de nationalité, de langue, de religion, de vision du monde différentes, celles que nous avons de « nous »-mêmes et celles que « les autres » ont de « nous », car « nous » et « les autres » sont deux termes qui se renvoient l’un à l’autre.

C’est sur ce point de départ que s’appuie ce moment de partage avec le public, autour de la mise en voix de la première des trois pièces.

La présence de l’étranger peut-être troublante non seulement parce qu’on ne sait pas qui est l’autre, mais surtout parce qu’on ne sait plus qui on est soi-même. Elle révèle le caractère fondamentalement fictionnel de toute identité ; une fiction dont on pourrait tenter de se débarrasser, comme d’un vieux vêtement – auquel on est très attaché.

Production Compagnie LSDI
Avec le soutien de La Chartreuse – Centre national des écritures du spectacle (résidence d’écriture), Lilas en scène, Les Plateaux Sauvages, Théâtre Ouvert-Centre National des Dramaturgies Contemporaines (en cours.)

Mise en voix Guillermo Pisani

Avec Caroline Arrouas, Boutaïna El Fekkak, Arthur Igual

Durée : 40 min
Mercredi 20 novembre à 20h30

Pendant l’été 2012, Jean-Daniel Piguet accompagne son père durant son dernier mois de vie, à l’hôpital. Voulant profiter pleinement de ces moments, tous deux décident de mener un dernier projet ensemble. Se servant de la caméra que son père lui avait offerte, le metteur en scène se met à le filmer afin de récolter ce qu’il veut laisser de lui. Leur projet de film dévie rapidement, à cause de l’augmentation des doses de morphine qui l’empêche de raconter ses histoires.

Partir vient de l’envie de partager et d’écouter ce qui se dit dans les derniers moments d’une vie ; à sa famille, à ses amis, au personnel hospitalier. De mesurer la puissance et l’impuissance du langage. Jean-Daniel Piguet et Nicolas Doutey cherchent à explorer un moment de seuil entre la vie et la mort, sans pathos ni mélodrame, pour en révéler la puissante fragilité. Le paysage ordinaire d’une chambre d’hôpital dans lequel les émotions peuvent se loger dans de simples détails.

Production Cie DanielBlake

En partenariat avec le Théâtre de l’Arsenic, le Théâtre du Grütli, le Ville de Lausanne, Pro Helvetia, La Manufacture-HES.SO (aide à la recherche)

Mise en voix Jean-Daniel Piguet

Avec Pierre Banderet, Pascal Gravat, Marika Dreistadt, Marie Madeleine Pasquier, Lucas Savioz

Durée : 1h15
Festival Festival du Jamais Lu-Paris#5

VERTÉBRÉ RETOUR ZÉRO

samedi 12 octobre 2019 0 18h30

Année 2050, en France. Benoît (ou Ben, quand il va bien et qu’il retrouve pendant quelques instants confiance en lui) a disparu. Pas mort, pas enlevé. Disparu. Sa logeuse, une vieille femme qui n’a pas de temps à perdre avec la politesse, s’inquiète et s’adresse à une association spécialisée en la matière, l’APRÉ. Or ce qu’elle ne sait pas, c’est que Ben/Benoît – clicworker précaire de son état et écrivain quand il le peut – fait l’objet d’une enquête, et ce depuis un moment. Au motif qu’il appellerait à la sédition par le truchement de messages numériques projetés dans la ville, appelés « diffusion sale ». Cinq ans auparavant, l’assemblée nationale adoptait la proposition de loi RMB (Règle Ministérielle sur le Bonheur) sur l’interdiction de manifester.

Vertébré retour zéro est l’histoire recomposée d’une évaporation criminelle, entre passé et présent d’un futur proche.

 

JADE. – C’est le présent faut t’y faire

Le postage n’empêche pas le talent

 

BENOÎT. – Il est à chier le présent

Il est en train de crever de manière indigne le présent

T’as vu ce que la RMB elle a fait là ?

Mise en voix Véronique Côté

avec Ambre Dubrulle, Jade Herbulot, Karim Kadjar, Lubin Labadie, Maïka Louakairim, Sidney Ali Mehelleb, Cyril Metzger, Bénédicte Wenders

 

Durée : 1h15
Festival Focus à Théâtre Ouvert - F.T.O#6

Sommeil du fils (Portrait de la mère)

Jeudi 21 novembre à 19h

« Nous ne connaissons pas le visage de nos mères. »

(Extrait d’une lettre de spectatrice cité par le cinéaste Andreï Tarkovski dans son livre Le Temps scellé.)

Il s’agit ici d’une version spécialement réalisée pour Théâtre Ouvert à partir d’un texte en cours d’écriture, Sommeil du fils.

Il s’agit du portrait-paysage d’une mère à travers les yeux et la mémoire de son fils aîné.

Il s’agit de disparition(s).

Il s’agit d’une mémoire qui n’est pas seulement personnelle.

…………………

[extrait]

Elle — Tu vas encore nous parler de ton enfance malheureuse ?
Lui — Arrête. Commençons.
Elle — Tu enregistres, là ?
Lui — Oui. Commençons. Tu es prête ?
Elle — Oui.
Lui — Tu es née quand ?
Elle — Tu le sais.
Lui — Tu dois le dire.
Elle — Tu vas utiliser ce que je dis contre moi ?

 

 

Sommeil du fils (version intégrale) sera créé au Théâtre national de la Colline en 2021.

Mise en voix et par Julien Gaillard

Avec la participation de Virginie Di Ricci

Création son Seb El ZIN

Création image Hugo Rousselin

Durée : 1h10
Mercredi 27 novembre à 20h30

Depuis 2012, je mène une enquête sur la vie onirique dans les grandes villes de notre temps. De la Nouvelle-Orléans à Nanterre en passant par Paris, New York, Rome, Le Caire et le bidonville de Calais, j’ai posé cette question : « As-tu rêvé cette nuit ? As-tu rêvé un jour ? »

Ce projet d’enquête est à mes yeux politique : il consiste à recueillir des témoignages de ces faits-divers qui ont lieu dans l’inframonde, mais aussi, à inventer d’autres modes de relations dans la cité, comme nous l’enseigne la psychothérapie institutionnelle.

Commencé solitairement, ce voyage s’est transformé au fil des rencontres en une ramification d’aventures collectives.

Au fil de ce travail documentaire, d’écoute et de retranscription des paroles recueillies auprès des autres, j’ai tenu un carnet de notes subjectives.

Accompagné dans la finalisation de cette écriture par le metteur en scène Duncan Evennou, au cours de nos enquêtes dans le territoire de Nanterre pendant les élections présidentielles de 2017, mais aussi à New York et dans la ville du Caire, j’ai achevé ce poème documentaire d’un monde où règne un régime onirique de la réalité, cette fiction qui raconte sur un mode second notre aventure – ce combat social d’amour en songe.

 

Lancelot Hamelin
septembre 2019, Rome

Mise en scène Duncan Evennou

Musique Donia Massaoud

Création sonore Maya Boquet

Avec Gaël Baron, Donia Massaoud

Durée :