Type de spectacle : Mise en voix
Les Inamovibles
Malik, 36 ans, après plusieurs années de vie à l’étranger, se jette sous un train, pour ne pas mourir de honte en rentrant au pays, les mains vides… Lamine, contre la volonté de sa mère est parti en aventure, par la route clandestine. Jeté dans la méditerranée par ses Co-voyageurs, il décide de revenir à la maison. Mais si le départ a été possible, le retour semble réserver d’autres surprises. Entre l’ailleurs et la maison, il y a cet étrange no man’s land où se massent des « consciences » espérant un hypothétique retour, soumis au bon vouloir d’un étrange passeur (Post) et de sa fille. « Pour tous ceux qui ont pu driblé le protocole de départ… » le protocole du retour sera intransigeant. C’est de cet endroit que tout en pénétrant dans l’intime des personnages, on dialogue avec l’absence des uns, l’attente des autres (pères, mères, enfants d’exilés tous perdus dans l’attente) ; les rues, les envies avortées… ceux qui sont partis et ceux qui restent. En dix mouvements, la pièce traverse plusieurs espaces colorés et fait parler des « colères » et des « Jeunesse » et des « consciences ».
Ce texte est lauréat du Prix Théâtre RFI 2018
À paraître aux Éd. Tapuscrit/Théâtre Ouvert en coédition avec RFI
Avec le soutien de la Région Île-de-France, la Cité internationale des arts
Maître d’œuvre Simon Delétang
avec les élèves-comédiens de l’Éstba : Louis Benmokhtar, Étienne Bories, Clémence Boucon, Zoé Briau, Marion Cadeau, Garance Degos, Camille Falbriard, Léopold Faurisson, Alexandre Liberati, Shanee Krôn, Félix Lefebvre, Léo Namur, Mickaël Pelissier, Prune Ventura
La plus précieuse des marchandises
Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron.
Non non non non, rassurez-vous, ce n’est pas Le Petit Poucet ! Pas du tout. Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir ? Allons…
Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand froid. Surtout en hiver. En été une chaleur accablante s’abattait sur ce bois et chassait le grand froid. La faim, elle, par contre, était constante, surtout en ces temps où sévissait, autour de ce bois, la guerre mondiale.
La guerre mondiale, oui oui oui oui oui.
Ce texte, édité au Seuil, a reçu le Prix spécial des libraires et Prix des lecteurs BFMTV/L’Express
par et avec Olga Grumberg
Les Petits pouvoirs
Une île japonaise abandonnée par l’économie mondiale et ses derniers habitants.
Une île désaffectée, arpentée seulement par quelques architectes, à la recherche d’une nouvelle utopie, d’un projet qui leur redonnerait du sens.
Un cadavre flotte dans l’eau brûlante d’un onsen, l’un de ces bains japonais aux sources volcaniques.
Laïa, face à lui, tente de reconstruire ses souvenirs : l’agence parisienne ; Benoît et Diane, les deux associé.es ; leur fascination pour leur nouvelle recrue ; mais aussi la rivalité, le désir sexuel à l’oeuvre ; le trio qu’ils ont formé presque malgré eux. Étouffant.
Dans les vapeurs du onsen, le passé lointain revient par bribes. Réapparaît la figure de Toshi, le maître de Benoît et Diane, qui les avait exclus de son agence alors qu’ils étaient prêts à tout pour devenir architectes.
Les temporalités s’entremêlent pour éclaircir le crime, l’identité du cadavre comme celle de son meurtrier. Elles interrogent les mécanismes de pouvoir et de domination sexuelle qui se transmettent inconsciemment de maîtres à élèves, de génération en génération, dans le travail comme dans la création.
ETIENNE.
Tu deviendras une grande
plus grande que tes petits patrons
Mais pour ça faut bouffer nippon
Mise en voix Solène Paré
avec Ambre Dubrulle, Cyril Gueï, Lubin Labadie, Constance Larrieu, Sidney Ali Mehelleb
Une Pierre
Dans Journal de deuil, à la date du 24 mars 1978, Roland Barthes écrit :
‘‘Le chagrin, comme une pierre…
(à mon cou,
Au fond de moi)’’
Ces quelques mots ont décidé de l’écriture d’Une Pierre. Un homme écrit à son frère : procédé de la lettre. Un homme seul, dans une maison. Une solitude extrême, exposée soudainement à la violence de l’intrus. Lettres de deuil et d’appel, envoyées. Des envois, comme une bouteille à la mer, qui entament leur destinerrance… Un voyage d’hiver, non pas littéralement, mais dans la tonalité affective d’un temps qui s’assombrit de plus en plus, dès lors que l’âme devient ‘’un hiver froid et dévasté’’. Lettres de la rage d’expression ? Pour expulser la pierre ? Que devient cette pierre, impénétrable, lourde et sèche, qui serre le cœur et la gorge ? Des lettres éparses déposées comme des lieder. Jusqu’au drame. Chant élégiaque provenant d’un là-bas, ‘’au fond de la nuit sous la glace et l’effroi’’ où siège ‘’la maison qu’éclaire le visage d’un amour’’… d’un amour qui n’existe plus, celui prodigué, jadis, par la mère morte…
Frédéric Vossier
Les passages entre guillemets sont extraits de Le Voyage d’hiver de Wilhelm Müller.
par et avec Stanislas Nordey
Je suis perdu – Pièce n°1
Je suis perdu est composé de trois courtes pièces pour les trois mêmes comédien·ne·s. Chacune fait apparaître de manière singulière des aspects conflictuels de la présence d’un.e migrant.e non-européen.ne.
Les pièces convoquent les représentations que nous avons de la personne de nationalité, de langue, de religion, de vision du monde différentes, celles que nous avons de « nous »-mêmes et celles que « les autres » ont de « nous », car « nous » et « les autres » sont deux termes qui se renvoient l’un à l’autre.
C’est sur ce point de départ que s’appuie ce moment de partage avec le public, autour de la mise en voix de la première des trois pièces.
La présence de l’étranger peut-être troublante non seulement parce qu’on ne sait pas qui est l’autre, mais surtout parce qu’on ne sait plus qui on est soi-même. Elle révèle le caractère fondamentalement fictionnel de toute identité ; une fiction dont on pourrait tenter de se débarrasser, comme d’un vieux vêtement – auquel on est très attaché.
Production Compagnie LSDI
Avec le soutien de La Chartreuse – Centre national des écritures du spectacle (résidence d’écriture), Lilas en scène, Les Plateaux Sauvages, Théâtre Ouvert-Centre National des Dramaturgies Contemporaines (en cours.)
Mise en voix Guillermo Pisani
Avec Caroline Arrouas, Boutaïna El Fekkak, Arthur Igual
Pendant l’été 2012, Jean-Daniel Piguet accompagne son père durant son dernier mois de vie, à l’hôpital. Voulant profiter pleinement de ces moments, tous deux décident de mener un dernier projet ensemble. Se servant de la caméra que son père lui avait offerte, le metteur en scène se met à le filmer afin de récolter ce qu’il veut laisser de lui. Leur projet de film dévie rapidement, à cause de l’augmentation des doses de morphine qui l’empêche de raconter ses histoires.
Partir vient de l’envie de partager et d’écouter ce qui se dit dans les derniers moments d’une vie ; à sa famille, à ses amis, au personnel hospitalier. De mesurer la puissance et l’impuissance du langage. Jean-Daniel Piguet et Nicolas Doutey cherchent à explorer un moment de seuil entre la vie et la mort, sans pathos ni mélodrame, pour en révéler la puissante fragilité. Le paysage ordinaire d’une chambre d’hôpital dans lequel les émotions peuvent se loger dans de simples détails.
Production Cie DanielBlake
En partenariat avec le Théâtre de l’Arsenic, le Théâtre du Grütli, le Ville de Lausanne, Pro Helvetia, La Manufacture-HES.SO (aide à la recherche)
Mise en voix Jean-Daniel Piguet
Avec Pierre Banderet, Pascal Gravat, Marika Dreistadt, Marie Madeleine Pasquier, Lucas Savioz
VERTÉBRÉ RETOUR ZÉRO
Année 2050, en France. Benoît (ou Ben, quand il va bien et qu’il retrouve pendant quelques instants confiance en lui) a disparu. Pas mort, pas enlevé. Disparu. Sa logeuse, une vieille femme qui n’a pas de temps à perdre avec la politesse, s’inquiète et s’adresse à une association spécialisée en la matière, l’APRÉ. Or ce qu’elle ne sait pas, c’est que Ben/Benoît – clicworker précaire de son état et écrivain quand il le peut – fait l’objet d’une enquête, et ce depuis un moment. Au motif qu’il appellerait à la sédition par le truchement de messages numériques projetés dans la ville, appelés « diffusion sale ». Cinq ans auparavant, l’assemblée nationale adoptait la proposition de loi RMB (Règle Ministérielle sur le Bonheur) sur l’interdiction de manifester.
Vertébré retour zéro est l’histoire recomposée d’une évaporation criminelle, entre passé et présent d’un futur proche.
JADE. – C’est le présent faut t’y faire
Le postage n’empêche pas le talent
BENOÎT. – Il est à chier le présent
Il est en train de crever de manière indigne le présent
T’as vu ce que la RMB elle a fait là ?
Mise en voix Véronique Côté
avec Ambre Dubrulle, Jade Herbulot, Karim Kadjar, Lubin Labadie, Maïka Louakairim, Sidney Ali Mehelleb, Cyril Metzger, Bénédicte Wenders
Sommeil du fils (Portrait de la mère)
« Nous ne connaissons pas le visage de nos mères. »
(Extrait d’une lettre de spectatrice cité par le cinéaste Andreï Tarkovski dans son livre Le Temps scellé.)
Il s’agit ici d’une version spécialement réalisée pour Théâtre Ouvert à partir d’un texte en cours d’écriture, Sommeil du fils.
Il s’agit du portrait-paysage d’une mère à travers les yeux et la mémoire de son fils aîné.
Il s’agit de disparition(s).
Il s’agit d’une mémoire qui n’est pas seulement personnelle.
…………………
[extrait]
Elle — Tu vas encore nous parler de ton enfance malheureuse ?
Lui — Arrête. Commençons.
Elle — Tu enregistres, là ?
Lui — Oui. Commençons. Tu es prête ?
Elle — Oui.
Lui — Tu es née quand ?
Elle — Tu le sais.
Lui — Tu dois le dire.
Elle — Tu vas utiliser ce que je dis contre moi ?
Sommeil du fils (version intégrale) sera créé au Théâtre national de la Colline en 2021.
Mise en voix et par Julien Gaillard
Avec la participation de Virginie Di Ricci
Création son Seb El ZIN
Création image Hugo Rousselin
DÉNICHER LA FABRIQUE
Deux amis – l’Homme chapeau et Petit quelqu’un – se retrouvent chaque année pour les feux d’artifice du nouvel an. Mais voilà qu’au fil du temps, l’un des deux ne vient pas au rendez-vous. Quand il réapparaît une année après, il est changé, il est devenu Quelqu’un. Le pays où cette histoire se passe est en ébullition, le peuple est dans la rue. Le chef de l’état est mort, mais son entourage refuse de l’annoncer. Tous sont vite rattrapés par la rumeur qui envahit la cité.
Métaphore carnavalesque et résolument théâtrale sur l’état du monde actuel, ce texte naît de l’urgence de dire le politique, de nommer ce qui se passe aujourd’hui en Algérie, en France, en Guinée, au Soudan… partout où des populations s’élèvent contre l’ordre établi.
petit matin/ les chiens sont partis/
chacun se débat avec ses blessures/ morsures/
et donc l’autre côté c’est quand/
d’autres espèrent la prochaine fois/
tu décides qu’il n’y aura pas de prochaine fois/
que cette fois tu rentres chez toi
Texte de Hakim Bah
Mise en voix Édith Patenaude
avec Ambre Dubrulle, Cyril Gueï, Jade Herbulot, Karim Kadjar, Lubin Labadie, Constance Larrieu, Maïka Louakairim, Sidney Ali Mehelleb, Cyril Metzger, Bénédicte Wenders
Ils sont deux. Un homme et une femme. Ils sont là et ils racontent. Ils racontent une histoire qui leur est arrivée à tous les deux. Ils racontent chacun. Ils ne sont pas amis, pas amants. Ils ne sont pas ensemble. Ils font ensemble ou plutôt ils vont ensemble. Ils vont au théâtre. Ils pourraient faire du jogging ou de la musique, mais non. Depuis des années, ils sont spectateurs ensemble, ils ont fait le tour de la banlieue pour ne rien rater ensemble de la création contemporaine. Ils ont beaucoup raté certainement mais ils se sont entêtés. Ils vont au théâtre ensemble et en dehors de cela, ils ne se voient pas, ils ne se parlent que pour préparer leur programme de saison. Ils ne sont pas curieux l’un de l’autre. Ils se contentent une dizaine de fois par an ou peut-être un peu moins de boire un verre de vin et de s’asseoir ensemble dans le noir. Mais ce soir, il y a eu ça.
Et puis, il y a la voix.
Mise en voix Sarah Tick
Avec Pierre-Marie Baudoin, Jean-Claude Bonnifait, Emmanuelle Ramu
