La Fusillade sur une plage d’Allemagne

3, 4, 5, 7, 8 décembre 2015

Le texte de Simon Diard est un piège. C’est un dispositif gigogne, kaléidoscopique, dans lequel il faut accepter de se perdre. Plusieurs récits s’enchaînent et se croisent, se superposent et se répondent en écho, comme dans un étrange trip, une expérience hallucinatoire. Simon Diard fait naître des images terrifiantes et pourtant étrangement familières, des visions glaçantes qui se développent et se métamorphosent dans notre conscience comme des gouttes de sang dans l’eau claire.
Ce n’est sans doute pas un hasard s’il conclut sa pièce avec le morceau 
Being for the Benefit of Mr. Kite! des Beatles, un morceau de la période psychédélique des quatre génies de Liverpool.
Le texte de Simon Diard s’apparente à une transe psychédélique. Une transe et peut-être un voyage initiatique au bout duquel l’auteur nous confronte à une ultime situation-limite, pure et tranchante comme un diamant, une dernière énigme qu’il ne vaut mieux pas prendre le risque de résoudre.

Marc Lainé

La distance qui sépare le fantasme de l’acte n’est-elle pas impénétrable ? Et celle qui sépare la planification mentale de la simple rêverie ? A partir de quand une pulsion menace-t-elle de se matérialiser en actes ? Peut-on lire dans les lignes incertaines d’une conscience ? Et comment être certain qu’on discerne le vrai du faux ? La réalité de la fiction ? La description de faits réels de la projection imaginaire ? Peut-on percer de l’extérieur les intentions et les désirs les plus occultes ? Faut-il préférer au risque de laisser en vie un meurtrier en puissance celui d’éliminer un innocent ?
Simon Diard

Note de Marc Lainé, dimanche 15 novembre 2015

Dans quelques jours, nous allons présenter à Théâtre Ouvert une mise en espace d’une pièce de Simon Diard qui s’appelle La Fusillade sur une plage d’Allemagne. En travaillant sur ce texte, nous avons découvert un matériau complexe, volatile, qui échappait à toute « résolution », mais dont le pouvoir de fascination tient précisément au fait d’offrir une infinité d’interprétations possibles.

La Fusillade sur une plage d’Allemagne ne traite pas directement, factuellement, de l’actualité immédiate ou récente. Pourtant, les attentats du 13 novembre orientent le regard et l’écoute que nous portons sur elle.

La violence des récits de la première partie de La Fusillade sur une plage d’Allemagne devrait être inimaginable. Elle ne l’est plus. Elle envahit désormais nos écrans, nos imaginaires, nos vies. En revanche, la situation que propose Simon Diard dans la deuxième partie de sa pièce est beaucoup plus difficile à imaginer et donc à représenter : comment envisager qu’un « groupe de personnes » décide de mettre à mort un individu sans autre « justification » que des récits, des fictions ? Et qu’est-ce que nous révèlent alors ces fictions sur ceux-là même qui les inventent pour légitimer leur volonté de tuer ? Qu’est-ce qu’elles nous apprennent de leur peur, de leur paranoïa, de leur haine, de leur propre désir de mort ?

Notre époque saturée et terrorisée par la violence et ses représentations peut-elle faire naître parmi nous des meurtriers aussi monstrueux que ceux qui nous menacent ?

Je crois que ce sont les questions que pose la pièce de Simon Diard et que nous sommes plus que jamais sommés de faire entendre.

Les derniers mots prononcés dans la pièce sont : »Ich weiss nicht. » Je ne sais pas.

Le texte est paru aux éditions Tapuscrit / Théâtre Ouvert et est finaliste du Grand Prix de littérature dramatique 2015

Rencontre avec l’auteur et l’équipe artistique les 3 et 8 décembre à l’issue des présentations 

Production Théâtre Ouvert avec le soutien de la Région Ile-de-France 

Avec le dispositif d’insertion de l’Ecole du Nord, soutenu par la Région Nord-Pas de Calais et la DRAC Nord-Pas de Calais et la participation artistique du Studio d’Asnières-ESCA

mise en espace Marc Lainé

avec Ulysse Bosshard, Bénédicte CeruttiJonathan GenetMathieu GenetOlivier Werner

et la participation de Noé Fabre

lumières Nicolas Marie

Durée : 45 min