Salle : Petite Salle
Histoire de la littérature récente
Histoire de la littérature récente, comme l’écrit Médiapart❊, invite à relire toute l’œuvre de Cadiot à la lumière de cette recherche : celle d’un équilibre fragile, d’une presque coïncidence avec son temps, qui résonne pourtant des échos de cette modernité qu’il aime et qui le constitue en tant que poète. Entreprise délicate, que l’écriture énonce en la réalisant et qu’on pourrait définir comme une recherche de la nuance : produire une littérature qui pense sans asséner, qui rit sans ricaner, qui parle dans une langue pourtant extrêmement écrite. Laurent Poitrenaux qui connaît l’écriture de Cadiot par cœur, qui la déchiffre et l’interprète avec virtuosité et sensibilité, se lance par étape dans la lecture publique de ce feuilleton en plusieurs tomes en solo sur scène, comme il l’avait fait à Théâtre Ouvert, en 2015, pour Futur, ancien, fugitif, premier roman du même auteur.
mise en voix Ludovic Lagarde
avec Laurent Poitrenaux
Coproduction Comédie de Reims, Théâtre Ouvert
Alice ou le choix des armes
Dans Alice ou le choix des armes, le récit d’une enquête pour meurtre et la question de la violence au travail se mêlent à l’évocation d’un théâtre intérieur : le théâtre d’Alice. Les personnages du récit – François Kerrelec, Alice Delcourt et Samuel Tison – côtoient les figures à la fois réelles et fantasmées qui peuplent le théâtre d’Alice : « une équipée brutale aux regards fuyants. Des culs de singes qui crient. Des grenouilles. L’odeur brûlée des sauterelles. » Il est question de proies, de peurs, d’humiliations, question de révolte aussi, de refus, d’émancipation. Avec en filigrane, cette interrogation lancinante : Alice, qu’a-t-elle fait ? Samuel Tison, est-elle allée jusqu’à le tuer ?
La comédienne Emmanuelle Lafon interprète avec brio cette lecture mise en espace, avec ses sculptures, ses fauves et ses ombres projetées.
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- « Qui sait ce qui nous anime ?
- Quelles forces, quelles figures, hommes, femmes, animaux, déchets, choses, traces, impressions fugitives ?
- Qui sont ces acteurs, ces actrices, témoins, mendiants, dieux, déesses, dépositaires de nos rêves, de nos fantasmes ; entités troubles, multiples, souvenirs, songes, paysages, cadavres, corps mous des taupes écrasées, trouées ?
- Qui sait, chacun, de quoi est fait son théâtre ?
- Cet espace à l’arrière de notre rétine, de notre souffle,
- Cet espace lourd, à l’arrière de notre présence, fond inépuisable,
- De quels doubles, de quels silences, oublis, pleurs, terreur, haine … à foison ?
- Oui, qui sait, chacun, à quoi ressemble son théâtre, cette scène, si elle n’est pas un meurtre ? «
extraits d’Alice ou le choix des armes
Production Théâtre Ouvert avec le soutien de la Région Ile-de-France
d’après le roman Alice ou le choix des armes, Stéphanie Chaillou (Alma Editeur)
adaptation et mise en espace Stéphanie Chaillou
avec Emmanuelle Lafon
voix off Stéphanie Chaillou
conception visuelle Annabel Vergne
sculptures et manipulation Alice Louradour
Des guerriers dans le crâne
Trois personnages. Trois monologues d’affilée. Un fait divers. Et la parole donnée à des « pauvres gens » perdus dans des paysages sans nom ou pris dans un univers urbain sans horizon. Une parole qui sort comme une logorrhée ou un soliloque. Bien loin de Lars Norén, il y a bel et bien une absence de guerre, un théâtre où l’on ne se confronte plus, où les relations ne sont plus à démêler mais à contempler de loin comme un pur objet mis en exposition. La guerre dans le crâne semble avoir dévidé la scène et le sang des personnages pour n’en garder que des contours flottants. Cependant, nous retrouvons cet éternel attrait du glauque, du sordide, mêlé à la « soupe au choux » qu’on a finalement envie de regarder avec de bonnes chips et du coca-cola, juste pour le plaisir du leitmotiv, où l’on pourrait percevoir l’ombre de Maldoror pris dans une fantasmagorie à la Fargo.
Grégoire Strecker
Fabulamundi Playwriting Europe
Production Théâtre Ouvert
Avec le soutien de Fabulamundi-Playwriting Europe, du programme Culture de l’Union européenne, de la Maison Antoine Vitez
traduction Laurent Muhleisen et Frank Weigand
mise en voix par Grégoire Strecker
avec Dominique Frot, Paul-Adrien Bertrand, Philippe Fretun
Le chiffre de son domaine
Le chiffre de son domaine est la première partie d’un diptyque intitulé QS DRONED ME consacré aux questions de la surveillance des corps, des frontières et des identités en ce début de XXIe siècle. Entre réel et virtuel, le texte met en scène d’un côté une entité aux contours mouvants disant « je », se décrivant par chiffres et codes et de l’autre un duo de frères pilotes de drones confinés dans un garage sans fenêtres, occupés à la tâche épuisante de ne rien faire, ou presque…
Dans Le chiffre de son domaine Un homme/Une femme s’avance et commence à dresser le portrait de son « Quantified Self » , présentant sa vie sous forme de données, de chiffres.
Poème du lyrisme mathématique, monologue chiffré à l’heure de l’auto surveillance, autoportrait vertigineux de la statistique intime, analyse pointilliste de la performance personnelle, cette ballade dans le « Quantifie Self » permet d’entrevoir une nouvelle définition de l’humanité, où tout se traduit à la fin par des 0 et des 1 alignés, hiéroglyphes contemporains sur une pierre de rosette du XXIème siècle.
Production Compagnie la multinationale
par François-Xavier Rouyer
avec Pauline Belle
La vie n’est pas une chose facile
Dans cette pièce nouvellement traduite, Georgia Mavraganis, jeune auteure grecque, donne la parole à un chœur d’adolescents.Ils disent la vérité et se moquent de ce que l’on appelle habituellement l’âge mûr.
C’est très drôle, incisif, mais les lettres qu’ils adressent à leurs parents et amis sont aussi très touchantes.
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La vie n’est pas une chose facile de l’auteure grecque Georgia Mavraganis parle d’un âge que nous avons tous vécu. L’adolescence. Avec ses colères, ses mystères et ses questions. Nous avons tous eu le désir d’un monde meilleur et nous avons luté avec nos limites. Dans ce texte, on parle de la famille. On parle d’angoisse. De la peur. De l’autre. Des mots se déversent. Des questions se posent. De qui et quoi héritons-nous, depuis notre naissance ? Qui sommes-nous ? D’où vient-on ? Vers ou va-t-on ? Porté par un chœur de jeunes gens, ce texte est un témoignage d’une génération actuelle. Une génération qui cherche son futur. Qui se construit sur une histoire chargée. Comment garder son innocence, sa candeur dans un monde qui semble nous pousser vite à devenir des « grands » ? Plus le temps de la réflexion, plus le temps du partage. Et ça s’accélère. Et ça s’accumule. Nous sommes des machines connectées en permanence à un réseau. A partir de là, la solitude s’installe, l’enfermement grandit et l’illusion de la communication n’est qu’un écho à ce manque de réel. On devient vite des adultes. On commence vite à donner des ordres. On commence à décider pour les autres. On vieillit dans nos esprits et on se construit en fonction de la norme.
Eugen Jebeleanu
Dans le cadre de Paroles d’Europe, cycle de lecture de Chantiers d’Europe
Production Théâtre de la Ville
En partenariat avec le Centre Hellénique
traduit du grec par Christine Avgeris
par Eugen Jebeleanu
avec des élèves du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique
Marilou Aussilloux, Camille Constantin, Aurélien Feng, Etienne Galharague, Amandine Gay, Lucile Jegou, Malek Lamraoui, Emma Meunier, Charlaine Nezan, Mathieu Perotto
LAYLA, à présent, je suis au fond du monde
Partir. Un matin, prendre la route. Elle n’a pas vingt ans, elle sort de chez elle. Elle ne dit rien à ses parents. Au hasard, elle prend un train. Ce n’est pas une fuite. Un départ peut-être, mais sans but. Les médecins parleront plus tard de voyage pathologique, poseront des diagnostics, proposeront des traitements. Elle, elle dira simplement que pour la première fois, elle se savait vivante. Écrire cette traversée, cet affrontement au monde embrassé entièrement et cette plongée dans la ville hostile et en soi-même, c’est retrouver la voix qui nous a été confiée, et c’est vouloir la libérer de nouveau.
Il y a huit ans déjà, Layla nous a confié son histoire, qui n’est pas notre histoire mais qui est l’histoire de notre monde et de notre possibilité de l’habiter. C’est pourquoi nous l’écrivons ensemble. Metteur en scène et dramaturge. Nous l’écrivons avec cette voix déposée en nous comme un secret, ou comme un pacte. Celui qui lie la vie à l’insulte qu’on adresse au monde pour devenir vivant. Nous l’écrivons avec les folies qui nous peuplent. Avec la puissance de tous les départs. Avec ceux qui sont allés jusqu’au fond du monde, dans Aden comme auprès des Tarahumaras, pour trouver de quoi en finir avec l’identité pauvrement originelle ; ceux qui ont cherché à se donner naissance en se brûlant au feu du réel qui nous consume.
Car le feu que l’on allume en soi nous vient toujours du dehors.
Arnaud Maïsetti, Jérémie Scheidler
Production compagnie La Controverse
avec le soutien du CCAM-Scène Nationale de Vandœuvre-lès-Nancy, du Théâtre de Vanves, du Théâtre-Studio d’Alfortville – Studio des Arts Numériques, du Vivat-Armentières, du Relais – Centre de recherches théâtrales
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un compagnonnage (dispositif de la DGCA) entre Jérémie Scheidler et Dieudonné Niangouna
par Jérémie Scheidler
avec Boutaïna El Fekkak
À l’OEil Nu, À voix haute
« Vous êtes peut-être nombreux à avoir déjà mis les pieds dans un sex-show, ou un peepshow, ou un live-show – mais même lorsqu’on les fréquente assidûment, ces lieux tendent à garder une pointe de mystère, quelque chose d’irrésolu, d’ambigu (qu’on l’aime ou le fuie).
N’est-ce pas ? Il s’agissait de notre lieu de travail – pendant plusieurs années pour certaines, quelques mois pour d’autres. (…) ».
Extrait de À l’OEil Nu (Éd. P.O.L)
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À l’OEil Nu, À voix haute est une lecture pour deux voix à l’unisson s’appuyant sur le livre d’Alice Roland, À l’OEil Nu, paru aux éditions P.O.L en octobre 2014. Ce livre est une fiction qui se présente comme un recueil de témoignages. Plusieurs strip-teaseuses y racontent à la première personne un pan de leur expérience dans le lieu où elles ont exercé cette activité, un sex-show nommé « À l’OEil Nu ».
Le mélange d’une voix masculine et d’une voix féminine fait écho au fonctionnement binaire et hétéronormé des sex-shows, que l’on retrouve dans un grand nombre de pratiques et codes sociaux bien au-delà du strip-tease. Les deux performers, malgré leurs différences patentes, font exercice de ressemblance et lisent ensemble les récits des strip-teaseuses, dans un même souffle, portés par un même flux mélodique. Ils bougent, aussi. Bref, c’est un travail comme un autre.
Gaspard Delanoë & Alice Roland
Production association Os
conception et interprétation Gaspard Delanoë, Alice Roland
Toutes les femmes sont des aliens
Si je n’avais pas vu la saga des Alien, Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock, deux dessins animés de Walt Disney, Bambi et Le Livre de la jungle, je n’aurais sans doute pas éprouvé aussi intensément peur, amour et désir. Les années passant, rien n’a réussi à me faire oublier les scènes les plus traumatiques de ces films.
À force de me les repasser en boucle, j’y découvre tant de choses renversantes sur la maternité, l’identité sexuelle, le rôle des blondes et la domestication que j’ai le sentiment de me connaître plus intimement et de comprendre un peu mieux le monde.
Et si le cinéma servait surtout à attiser et magnifier nos folies ?
Olivia Rosenthal
En partenariat avec les éditions Verticales
A paraître aux éditions Verticales en février 2016
Par ildi ! eldi (Sophie Cattani et Antoine Oppenheim)
KATRINA – Isle de Jean Charles, Louisiane
Isle de Jean Charles est une langue de terre située aux confins de la Louisiane. Elle est la première victime d’une érosion côtière qui ronge la région depuis des siècles, décuplée par les effets des tempêtes qui balaient régulièrement le Golfe du Mexique. Avec elle, une communauté d’Indiens issus de trois tribus – Biloxi, Chitamacha et Choctaw – coule doucement.
Pêcheurs de père en fils, les Indiens d’Isle de Jean Charles ont comme autre particularité de parler partiellement le français des Cajuns, descendants de Français chassés d’Acadie par les Anglais en 1755 et réfugiés en Louisiane. On y va. On y passe, un jour.
Frank Smith, écrivain et vidéaste, joue à merveille de la langue et des sons, en mêlant enquête, poésie et récit pour décrire le quotidien déclinant des habitants de cette île.
Le texte est paru aux éditions de l’Attente
création sonore originale Gilles Mardirossian
Effleurement
Dans un salon de coiffure en banlieue, la coiffeuse reçoit la visite de sa mère, qui souhaite l’inviter à fêter un anniversaire dont on ne sait s’il est celui d’une naissance ou d’une mort. Les gestes de la coiffure (shampoing, coupe, teinture, séchage) sont à la fois la tentative et l’échec du contact, un effleurement sensuel et destructeur entre les deux femmes, par lequel le corps de la mère (Puce), obèse, passif, par opposition à celui de sa fille (Bouboule), très maigre, tente de changer d’apparence. Leur conversation est rythmée par une radio grésillante qui interfère dans leur tentative de (se) parler, les bruits des voisins, qui tous les soirs se lancent dans une étrange course poursuite à la recherche de leur bébé perdu, et par les coupures de courant, qui les plongent dans une obscurité inquiétante et rédemptrice.
Production compagnie Pétrole
Co-production Studio-Théâtre de Vitry, Comédie de Reims, Théâtre Ouvert avec le soutien de la Région Ile-de-France.
Avec le soutien du Théâtre de Vanves, de la SPEDIDAM
La pièce sera créée en mars 2016 au Studio-Théâtre de Vitry
trad. du croate par Christine Chalhoub
par Clara Chabalier
avec Pauline Jambet, Caroline Darchen
avec les voix de Clara Chabalier, Alexandre Pallu, Pierre et Anselme Barché
création sonore Julien Fezans
création lumière Philippe Gladieux
