
Lac artificiel
Laura et Salomé sont inséparables. Un samedi soir, au milieu de l’été, les deux adolescentes marchent le long de la route départementale, à la lisière de la forêt, à la recherche d’un endroit où faire la fête. Avec pour seul repère la signalétique fluorescente du bitume, elles cherchent leur chemin et finissent par se perdre. À la dérive dans un monde qui tangue, de plus en plus loin dans la nuit, dans l’obscurité de leurs souvenirs, elles assistent à leur propre chute et à l’effritement de leur relation.
Dans un jeu de double et de miroir vertigineux, Céleste Germe met en scène Maëlys Ricordeau qui interprète les deux jeunes femmes dans une performance impressionnante. Hypnotique, le dispositif sonore et visuel nous plonge dans les méandres de la mémoire de Laura et Salomé, qui rôdent au cœur de la forêt, au cœur de la nuit, vers leurs traumas. Là où l’amitié et l’amour se jouent d’abord et avant tout avec soi.
Un spectacle radical et émouvant, dans lequel les ombres et les mirages jouent avec une lumineuse et bouleversante actrice.
Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du 2 avril
EXTRAIT
SALOMÉ : Regarde
Regarde comme le ciel est grand
LAURA : C’est quoi ce sang
SALOMÉ : C’est rien
C’est le mien
LAURA : Quoi
SALOMÉ : C’est rien je suis tombée dans les ronces tout à l’heure
LAURA : Ah
SALOMÉ : Tu crois que le cosmos nous envoie un message
LAURA : Un message
SALOMÉ : Oui un message un signe une synchronicité
LAURA : Pourquoi il ferait ça le cosmos
SALOMÉ : J’essaye de comprendre justement
LAURA : Je crois qu’il en a rien à foutre de nous le cosmos
SALOMÉ : Je crois qu’il nous parle
LAURA : S’il s’intéressait vraiment à nous je veux dire s’il se souciait un peu de nous on n’en serait pas là à courir après une musique et à faire des bains de boue
SALOMÉ : Moi je crois qu’il nous parle je crois que tout ce qui nous arrive c’est pas pour rien
LAURA : Je crois qu’il n’y a rien à comprendre
SALOMÉ : Je crois qu’il faut qu’on arrête de faire semblant
LAURA : Comment ça
SALOMÉ : Faut arrêter là
on peut pas passer à côté de notre vie plus longtemps
LAURA : …
SALOMÉ : Je peux pas passer à côté de ma vie toute ma vie
LAURA : Qu’est-ce que tu veux dire
SALOMÉ : Dès qu’on sort de ce bourbier je pars faire de l’événementiel à ParisJe me barre de ce trou et je monte ma boîte
LAURA : Ah ouais
SALOMÉ : Bah ouais qu’est-ce que tu crois je ne vais pas rester là toute ma vie moi
NOTE D’INTENTION
« Deux personnages
A la lecture du texte, il m’a semblé très vite que les personnages de Laura et Salomé formaient un duo passionnant à explorer : un peu jumelles, un peu siamoises, avec ce qu’il y a souvent dans l’amitié d’intrication labyrinthique, de jeu de double, ying et yang, figure duale et inversée, complémentaire et opposée.
Toutes deux se débattant avec le souvenir violent, tétanisant, d’un homme – un jeune homme agressif pour l’une, un père abandonnique pour l’autre – prises au piège d’un passé traumatique qui les phagocyte au point de rendre impossible la réciprocité et l’amitié. Toutes deux en route vers le cœur de leur trauma, peut-être pour s’en échapper, peut-être pour y sombrer.
Une seule actrice
Très vite, il m’a semblé que le fait de confier à Maëlys Ricordeau les deux rôles permettrait de faire entendre plus perceptiblement la manière dont Marine Chartrain les avait écrits, en reflets l’un de l’autre, miroir et miroir inversés, à la fois identiques et opposées.
Très vite, il m’a semblé qu’elle saurait restituer, en attribuant une voix spécifique à chaque personnage, à la fois le duo et la gémellité, c’est-à-dire aussi l’écriture elle- même qui, dans le portrait qu’elle dresse des deux jeunes femmes, se symétrise et s’entrelace.
Mais très vite aussi, j’ai eu l’intuition que Maëlys saurait, en même temps, donner incarnation à la silhouette vibratile de chacune des deux femmes. Et qu’ainsi, c’est plus près de l’écriture de chacune que nous pourrions être. Plus près de leurs intimités, de leurs douleurs, de leurs rêves… Que cette double incarnation nous permettrait d’être à la fois plus proche des personnages et plus proche de l’écriture, plus proche de la fiction et plus proche de la littérature. » – Céleste Germe
CRÉATION à Théâtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines le 31 mars 2025
REVUE DE PRESSE
Hotellothéâtre : « Une écriture sinueuse, rythmée, au souffle puissant, qui, claire et sonore encore, trace un chemin sûr. »
Détectives sauvages : « les textes de Chartrain développent une étrangeté insidieuse, qui émerge sans volontarisme car l’autrice a l’art de la trouver dans la matière même du contemporain. »
©Christophe Raynaud de Lage, Thomas Badreau
PRODUCTION Das Plateau ; Prémisses – Office de production artistique et solidaire pour la jeune création
COPRODUCTION Théâtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines ; La Comédie de Saint-Etienne – CDN
SOUTIEN association Beaumarchais – SACD
ADMINISTRATION, PRODUCTION, DIFFUSION Bureau Retors Particulier
Das Plateau est conventionné par la DRAC Île-de-France et soutenu par la Région Île-de-France au titre de l’aide à la permanence artistique culturelle.
Lac artificiel a été écrit en 2021, il est lauréat de l’aide à l’écriture Beaumarchais en 2022, a reçu les encouragements ARTCENA en 2023 et est édité à la maison d’édition TAPUSCRIT | Théâtre Ouvert en mars 2023.
Texte Marine Chartrain
Éditions Théâtre Ouvert | Tapuscrit
Conception et mise en scène Céleste Germe
Conception et interprétation Maëlys Ricordeau
Création sonore Jacob Stambach
Dispositif son et vidéo Jérôme Tuncer
Scénographie James Brandily
Création lumière Sébastien Lefèvre
LUN, MAR, MER À 19H30
JEU, VEN À 20H30
SAM À 18H
À partir de 14 ans
Rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du 2 avril
Carte TO | ||
---|---|---|
Plein tarif | 20€ | 14€ |
Tarif réduit | 14€ | 10€ |
Universités, lycées, collègesgratuité pour les accompagnateurs | 8€ | |
Associations, groupesà partir de 6 personnes | 8€ | |
Comité d'entreprise, adhérents Ticket-Théâtre(s) | 12€ |