Le Moment psychologique

Du 3 au 18 février

Paul a rendez-vous chez lui avec son ami d’enfance Pierre quand So, adjointe de Matt, arrive.
Paul ne connaît ni So ni Matt, mais elles ont pris leurs renseignements : le comportement de Paul a retenu leur attention.
Matt, une femme politique, tient à le rencontrer pour son projet qui consiste à réformer la portée et l’endroit du politique dans le monde. Paul n’a à sa connaissance pas plus à voir avec la politique que n’importe qui, et il n’est pas bien sûr de comprendre ce dont il s’agit. Ce soudain intérêt mondial n’est pas forcément déplaisant, mais il va quand même lui falloir faire une petite présentation.

EXTRAIT

MATT. Ça vous intéresse la vie collective ?
PAUL. La vie collective c’est très intéressant j’aime beaucoup. […] MATT. Pour tout vous dire ces questions m’excitent immodérément c’est là-dessus que nous travaillons.
PAUL. Vous travaillez sur ce qui vous excite.
MATT. Évidemment. Alors bien sûr la politique puisque c’est de cela qu’il s’agit la politique quand ce n’est pas juste un jeu par exemple comme saute-mouton c’est compliqué ça peut même ressembler à une branche de la magie parce que comment agir quand vos plus petites unités de travail sont des inclinations collectives des tendances générales ce qui prend forme au milieu des gens.
PAUL. Eh oui c’est vrai.
MATT. Mais ce n’est pas pour autant que rien ne se fait. On vit un moment particulier vous ne trouvez pas.
PAUL. Oui.
MATT. On a le sentiment d’être dans une voiture sans conducteur lancée à toute vitesse sur un terrain accidenté.
PAUL. Oui.
MATT. Sans conducteur ou avec mille conducteurs.
PAUL. Ah oui.
MATT. De travailler et de vivre pour dominer des angoisses plutôt que pour susciter ce qu’on espère.
PAUL. Oui.
MATT. Mais il faut viser ce qu’on pense être le bien et mordre dedans sans lâcher prise il faut être un roquet un roquet bien nerveux parce que c’est en vue du bien que l’on fait ce que l’on fait vous n’êtes pas d’accord.
PAUL. Mais si je suis d’accord.
 
 
   
©Christophe Raynaud de Lage

NOTE D’INTENTION

« Le point de départ du Moment psychologique est élémentaire : écrire une pièce qui propose une expérience. J’ai cherché, avec mes moyens qui sont ceux de l’écrit, non pas d’abord à raconter une histoire ou énoncer un point de vue, mais à travailler au niveau de l’expérience qu’en tant que spectateurs nous faisons tous inévitablement quand nous sommes au théâtre assis en silence à regarder et écouter des gens qui agissent et parlent sur une scène.

Pour ce faire, je me suis appuyé sur certains aspects de cette expérience : le fait que dans une performance scénique le présent, l’acuité du moment, est au premier plan et que nous spectateurs le partageons sans fiction avec les acteurs ; le fait que la parole et l’action ont une dimension extérieure et publique, et que l’écoute et l’attention à la situation de l’autre y jouent un grand rôle ; le fait que la scène comme espace met en relief l’aspect collectif de l’existence, l’aspect par où l’existence est coexistence, par-là possiblement un échantillon de politique. J’ai cherché à travailler à partir de ces éléments, afin que, ce dont la pièce parle et comment elle en parle, on puisse à tout instant en faire l’expérience concrète en se rapportant à ce qui est en train d’avoir lieu sous nos yeux. C’est du moins à ce genre de choses que je pensais en écrivant.

Au bout du compte ça a donné l’histoire de Paul qui a quelques difficultés à rester dans le présent et est approché par une femme politique, Matt, qu’il ne connaît pas du tout, et qui estime que la manière dont Paul fait ce qu’il fait est très intéressante et peut jouer un rôle central pour le projet qu’elle dirige, visant à réinventer le politique dans le monde.

Comme ce bref résumé le laisse voir, ma démarche a sans doute produit quelques incongruités – que je ne renie pas : le rire, et sa surprise, ne me semblent pas sans rapport avec la valeur scénique du présent. […] » Nicolas Doutey 

Découvrez la suite de la note d’intention de l’auteur ICI

NOTE DE MISE EN SCÈNE

« Le Moment psychologique est une pièce qui, sous des airs de comédie, aborde la question du politique. Il ne s’y agit pas de l’aborder sur le mode de la satire, mais plutôt de dessiner un rêve de politique, une utopie.

Le rire est ainsi placé à un endroit singulier : les décalages comiques ne reposent pas sur la moquerie, ou le jugement – c’est un comique sans cible (sensible). L’ensemble est fondé sur une « dramaturgie de la paix », ce qui fait que les rapports entre les personnages de la pièce eux-mêmes deviennent comme la maquette de l’utopie que porte le personnage de Matt.

Les deux semaines de répétition et les deux mises en espace en public à Théâtre Ouvert nous ont renseignés sur l’orientation du travail à venir. On a ainsi pu expérimenter avec les acteurs que le texte requérait un jeu au plus proche du présent et d’un sensible non « composé » – sans quoi l’écart comique tendait à se figer, et à faire basculer la pièce du côté d’un « absurde » qui ne construit pas grand-chose, et ne permet pas d’entendre l’utopie et son caractère affirmatif. » Alain Françon

Entretien avec le metteur en scène Alain Françon poursuivi par le collectif La Réplique dans le cadre des recherches des Cahiers de La Réplique

REVUE DE PRESSE

Libération : « Le talent de Nicolas Doutey est de n’être jamais explicatif tout en étant parfaitement évocateur. Est-on plutôt dans un bureau, dans un parc, dans un hôpital psychiatrique ou les trois à la fois ? « La présentation d’un comportement » doit avoir lieu, nous dit-on. Parfois un agacement assaille, lié à l’épouvantable justesse des échanges. Aurait-on déjà participé à ces discussions ? »

La Terrasse : « Une partition d’une virtuosité et d’une acuité extraordinaires. Un régal ! Très particulier, abstrait, énigmatique, mais aussi universel, politique, entrouvrant une multitude de petites portes vers notre monde réel, ce Moment est un pur bijou de théâtre, formidablement jouissif, où le langage est si alerte et pénétrant qu’à lui seul, grâce au jeu et à la présence extraordinairement subtils des comédiennes et comédiens, il se fait moteur dramatique au sommet de ses capacités, surface de projection facétieuse où le sens est une recherche irrésolue, où les sensations ténues du présent se télescopent et se formulent avec une rare acuité. Il faut dire que la mise en scène est assurée par un maître, par un orfèvre de la scène capable de révéler une foule de choses tout en préservant les mystères de cette écriture aigüe, dont on se dit qu’il est fort possible qu’elle traversera les générations. »

Télérama : TTT « Absurde et désopilant, ce spectacle unique en son genre laisse penser que le rire au théâtre a de beaux jours devant lui. Il est ici revitalisé, souvent irrépressible. Faire du non-sens ontologique une comédie contemporaine, c’est savoir en dire beaucoup en ayant l’air de ne rien dire. Preuve à l’appui. »

Scèneweb.fr : « Alain Françon a rendez-vous avec Nicolas Doutey :  Intenses, en ébullition constante mais empruntant des voies très inhabituelles, toujours surprenantes, la pensée et la langue sont ici comme toujours chez Nicolas Doutey des routes que l’on suit avec bonheur sans savoir où elles nous mènent. […] Les comédiens réussissent avec une grande délicatesse à porter l’humour très singulier de la pièce, parfaitement analysé par Alain Françon comme étant sans cible particulière. »

Politis : « L’écriture de Nicolas Doutey, à la lisière de l’absurde et de la comédie, offre au metteur en scène Alain Françon et à ses comédiens une matière complexe et passionnante. Avec Le Moment psychologique, ils décortiquent avec humour et subtilité les relations du quotidien. […] Par la rencontre entre Paul et les politiques qui veulent «réformer la vie dans le monde», c’est avant tout la capacité humaine à créer un présent singulier, au théâtre et ailleurs, qu’ils questionnent. »

Hottellotheatre en partenariat avec ARTCENA : « Le public, dans la salle, est à l’écoute de ce que les personnages disent et se disent, oeuvrant à la compréhension un peu vaine des sens égrainés qui se libèrent, pour des situations loufoques et inattendues. Or, la posture ludique est amusante – le jeu en vaut la chandelle – ne serait-ce que par  la seule présence des interprètes scéniques qu’on a plaisir à voir et entendre jouer et interpréter. […] Louis Albertosi, Pauline Belle, Rodolphe Congé, Pierre-Félix Gravière, Dominique Valadié, Claire Wauthion sont des comédiens solaires qui dispensent par leur présence magnétique une évidence, une complicité rare et un être-là qui en imposent – à travers un naturel qui ne s’obtient que grâce à l’art, au contrôle de sa diction, de sa voix aux intonations secrètes, et à un corps agile. Un très beau Moment artistique de théâtre. »

Pianopanier : « Le Moment psychologique nous rappelle que le théâtre invente toujours de nouvelles formes originales et singulières, souvent dans la plus grande simplicité, plaçant le texte, la langue et le jeu au cœur de la proposition artistique. »

UntitledMagazine : « Hypnotisé·e·s par ces échanges et par la prouesse mémorielle des six comédien·ne·s, nous faisons l’expérience du présent intense de la (re)présentation. »

Theatredublog : « Le metteur en scène nous libre de manière simple et brute, ce texte insaisissable : la dramaturgie progresse et change de direction inopinément… Ce Moment psychologique nous cueille au présent de l’écriture avec jeux sur le langage administratif, langue de bois des politiques, dérapages et fausses pistes… Reste au public à admettre le caractère expérimental de ce travail minutieux et à se laisser porter… »

Surlesplanches : « La mise en scène d’Alain Françon, très précise et aboutie, nous propose une plongée au sein de nos labyrinthes mentaux où les idées se mettent en place plus lentement que nos pensées. Cette pièce est un magnifique objet théâtral à vivre. »

SNES, FSU : « Un texte original (dans tous les sens du mot) de Nicolas Doutey, fort subtilement mis en scène par Alain Françon : minimalisme et sublimation de l’art dramatique. »

CultureAdvisor : « Le spectateur sort convaincu, il lui reste à peser les deux termes de l’alternative… Est-il encore temps de mettre le citoyen au cœur de la politique ? Ne faut-il pas plutôt compter sur l’humanité pour être le Maverick qui régulera le système ? Matt, ou Pierre ? »

A2S, Paris : « Très bien interprété, et mis en scène d’une façon rythmée, sans temps mort, le texte de cette pièce est une sorte de ping-pong verbal, drôle, souvent délirant et délicieusement sans queue ni tête. »

RegArts :  « Qualité du texte et de la (des) problématique(s), finesse du jeu… […] C’est à la fois gouleyant intellectuellement et très drôle. Car les malheureux Pierre et Paul ne sont pas au bout de leurs surprises. »

Spectatif : « Une formidable immersion dans l’univers singulier et détonant du théâtre de Nicolas Doutey. Un auteur qui place son écriture à la lisère de l’absurde mis en bouteille et agitée fortement, et proche du rêve éveillé venant frapper de plein fouet la raison, laissant notre imaginaire nous lover dans un moment subtil et délicat, un peu fou et chargé de pensées à venir. »

Revue-frictions : « Une jouissive expérience théâtrale. C’est un étrange objet théâtral que nous livrent conjointement Nicolas Doutey et Alain Françon avec Le moment psychologique. Une sorte d’OVNI, en tout cas un objet décalé par rapport à la configuration du théâtre actuel. »

Jen’aiqu’unevie : « Le Moment Psychologique au Théâtre Ouvert : une eau forte minimaliste et surréaliste, deux alternatives pour un choix de société. Allez découvrir ce très beau texte de Nicolas Doutey finement mis en scène par Alain Françon. »

Théâtral magazine, entretien avec Alain Françon :
« Vous avez d’abord mis en espace la pièce. Qu’est-ce qui vous a décidé à la monter ?
– On l’avait mise en espace à Théâtre Ouvert mais j’avais prévenu Nicolas Doutey que je n’étais pas sûr de la monter. Et plus on la répétait, plus je trouvais ce qu’il avait écrit incroyable. Le public aussi était captivé. Je n’en revenais pas. »

PRODUCTION DÉLÉGUÉE Studio-Théâtre de Vitry
COPRODUCTION Théâtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines, Théâtre des nuages de neige, Théâtre des Quartiers d’Ivry – CDN du Val-de-Marne, Théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine
Action financée par la Région Île-de-France
Avec le dispositif d’insertion de l’École du Nord, soutenu par la Région Hauts-de-France et le ministère de la Culture.
Le Studio-Théâtre de Vitry est subventionné par le ministère de la Culture – DRAC d’Île-de-France, la Ville de Vitry-sur-Seine, le département du Val-de-Marne et la région Île-de-France.
Le Théâtre des nuages de neige est soutenu par la DGCA – ministère de la Culture. 

Texte Nicolas Doutey
Éditions Théâtre Ouvert | TAPUSCRIT
Mise en scène Alain Françon
Avec Louis Albertosi, Pauline Belle, Rodolphe Congé, Pierre-Félix Gravière, Dominique Valadié, Claire Wauthion
Scénographie Jacques Gabel
Lumières Émilie Fau
Regard costumes Elsa Depardieu
Régie générale Marine Helmlinger

 

Lundi, mardi, mercredi à 19h30
Jeudi, vendredi à 20h30
Samedi 4, 11 février à 20h30
Samedi 18 février à 18h
Relâches lundi 13 et mardi 14 février

À partir de 14 ans

Durée : 1h30
Grande Salle
Carte TO
Plein tarif 20€ 14€
Tarif réduit 14€ 10€
Universités, lycées, collègesgratuité pour les accompagnateurs 8€
Associations, groupesà partir de 6 personnes 8€
Comité d'entreprise, adhérents Ticket-Théâtre(s) 12€