CONVULSIONS

18 janvier ➡︎ 9 février 2019

Dans Convulsions Hakim Bah prend appui sur un épisode de la tragédie des Atrides pour traiter des violences familiales, conjugales, sociales et économiques. Tout est question de possession, de territoires à conquérir et d’exil, entre un terrain de basket et un aéroport. L’écriture vive, brute et concrète agit sans discourir, avec humour. L’auteur fait preuve d’acuité de vue tant dans la description des pulsions humaines que dans celle de l’agressivité du monde des leaders.

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Atrée et Thyeste torturent et tuent leur frère bâtard pour ne pas avoir à partager l’héritage familial avec lui. Atrée bat sa femme et la trompe avec celle du voisin. Thyeste, amoureux d’Érope finit par la séduire. Plus tard, Atrée, Érope et leur bébé se rendent à l’ambassade américaine pour effectuer les démarches nécessaires à leur installation aux États-Unis. Le test ADN obligatoire pour l’obtention du visa révèle que l’enfant n’est pas le fils d’Atrée…

 

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« Le ventre est encore fécond d’où sortira la bête immonde. »
Grands peurs et misères de troisième Reich, Berthold Brecht

J’aime l’écriture d’Hakim Bah, il fait partie d’une génération d’auteurs qui insuffle une vitalité nouvelle et une urgence à prendre la parole sur les plateaux.

Ils sont la preuve vivante de la nécessité, pour penser et cultiver l’humain en nous, de tout ce qui n’est pas nous : l’étranger, le différent, l’autre.

Pour Convulsions Hakim Bah s’inspire de Thyeste, la tragédie de Sénèque. Il en fait un conte d’anticipation effrayant dans lequel on peut gagner une green card par tirage au sort, où l’ADN parle et où l’humain est possédé par un mot, Greedy (le cri de guerre du monde de la finance), pour l’appliquer à tous les compartiments de sa vie, jusqu’au plus intime.

La violence est dans chaque scène, elle va jusqu’à l’épuisement, elle va au bout de son absurdité.

Comme si l’auteur avait voulu en exprimer l’essence, mais à peine un filon est-il épuisé, qu’apparaît un nouveau, et ça continue, ça creuse plus profond. À la lecture on est pris dans ce maelström.

 

J’ai d’abord éprouvé un grand plaisir à lire la pièce. Cette langue fait naître un plaisir ambigu chez le lecteur, qui accepte presque malgré lui de plonger dans cette décharge de violence, qui se tisse à un humour abrupt et burlesque. Voyeur essayant de calmer la montée d’une drôle de culpabilité, je me suis fait prendre par l’histoire.

Mais si Hakim Bah reprend l’inexorable descente aux enfers des fils de Tantale, c’est sans doute pour témoigner d’une chose très simple. Une chose que nous vivons dans nos chairs et avec laquelle nous « dealons » au quotidien, passant de la colère à l’écœurement avant qu’une immense fatigue nous gagne face au gâchis provoqué par la répétition des mêmes erreurs, des mêmes horreurs, toujours…

 

Hakim Bah tord le mythe de Thyeste et d’Atrée pour accoucher d’une pièce à la fois intime et éminemment politique. Notre époque est cool et monstrueuse, notre monde techno-globalisé à l’agonie. Nous n’avons pas retenu la leçon depuis Sénèque et nous célébrons jour après jour la victoire du verbe avoir sur le verbe être. Ce faisant, nous nous condamnons à l’anthropophagie et à l’inhumanité.

 

Frédéric Fisbach

Production Ensemble Atopique II

Coproduction Théâtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines

 

Avec le soutien de la MC93-Maison de la Culture de la Seine-Saint-Denis, de la Comédie de Saint Etienne-Centre dramatique national, du Fonds d’Insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques, D.R.A.C. et Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

 

Avec l’aide à la création de l’association Beaumarchais-SACD, le soutien de l’Adami, de la Spedidam et de La Culture avec la Copie Privée.

 

Texte est lauréat de l’Aide à la création de textes dramatiques-ARTCENA

 

L’auteur a reçu le prix RFI Théâtre 2016

 

Le texte est édité par Théâtre Ouvert/Tapuscrits (Editions) – Coédition RFI

Mise en scène Frédéric Fisbach

 

dramaturgie Charlotte Lagrange

scénographe Charles Chauvet

créatrice lumière Léa Maris

créatrice son Estelle Lembert

assistant à la mise en scène Imad Assaf

 

 

 

 

 

avec Ibrahima Bah, Maxence Bod, Madalina Constantin, Lorry Hardel, Nelson-Rafaell Madel, Marie Payen

Durée :
Carte TO
Plein tarif 20€ 14€
Tarif réduit 14€ 10€
Universités, lycées, collègesgratuité pour les accompagnateurs 8€
Associations, groupesà partir de 6 personnes 8€
Comité d'entreprise, adhérents Ticket-Théâtre(s) 12€