Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise…)

du 29 janvier au 19 février 2016

les mardis et mercredis à 19h
les jeudis et vendredis à 20h
samedi 30 janvier à 16h
samedis et 13 février à 16h et 20h

représentation exceptionnelle le lundi 1er février à 20h

1h45

Tarif A (22€ – 6€)

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Quatre frères et sœurs se réunissent, à la mort de leurs parents, dans le pavillon témoin d’une résidence HLM au sein duquel ils ont passé toute leur enfance. Entre les préparations de l’enterrement et l’organisation de la revente de la maison, les souvenirs rejaillissent. Aucun d’entre eux n’a jusqu’ici vécu en dehors de ce quartier. Et pourtant, le fait de devoir se séparer de la maison de leur enfance leur renvoie au visage les multiples mutations de cet environnement dont ils n’ont jamais su s’extirper, et qui imprimèrent sur eux d’oppressantes contraintes.

L’équilibre précaire dans lequel ils se trouvent est bouleversé lorsqu’une entreprise d’ameublement de terrain découvre dans leur jardin les ossements d’un corps humain. Il s’agit en réalité du corps de Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, dont la dépouille n’avait encore jamais été retrouvée. L’héritage n’est plus le même.

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J’ai écrit ce texte il y a trois ans, en réaction à la grogne réactionnaire que je sentais monter dans le pays. Les atteintes répétées aux valeurs humanistes de la République, la résurgence de groupuscules fascistes qu’on croyait définitivement vaincus, la radicalisation de certains jeunes partis mener le Djihad en Syrie, la montée de Front National, m’avaient contraint à repenser ma vision romantique de l’idée de « révolution ».            

Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise…) devenait le premier volet d’un projet de trilogie dont l’axe principal se baserait sur cette inquiétude personnelle : quel type de révolution appellera le 21ème siècle ?

 jAprès les événements que nous avons connu durant l’année 2015, la nécessité pour moi de réaliser ce projet s’est faite encore plus forte. Les thèmes abordés par la pièce sont effectivement ceux qui travaillent notre société. On y parle, toutes échelles confondues, de la difficulté de vivre ensemble, dans un même pays, dans une même ville, dans un même quartier, au sein d’une même famille. On se débat. On s’oppose. On spécule. On juge, on condamne, on accuse. On s’inquiète de la montée du salafisme dans les quartiers. On manipule des concepts plus grands que soi comme la démocratie, l’héritage, la liberté, la révolution, l’identité.

La résonnance avec l’actualité n’est pas le fruit d’une intuition visionnaire. Elle témoigne surtout du fait que notre génération (dans l’équipe nous avons tous autour de trente ans) s’est construite au contact de ces problématiques. Comme toutes celles qui l’ont précédée, au moment où elle s’apprête à devenir à son tour la référence pour ceux qui « hériteront », elle a l’impression d’être la plus à même de parler du monde. Un mirage, pour sûr. Mais, assumons !

J’espère trouver les moyens de faire rentrer ces questions d’actualité au cœur du théâtre, représenter des populations que je trouve sous-représentées, rehausser la valeur de ces « petites vies » en dehors du folklore de la démarche sociale, ou de l’ambition paternaliste d’un savoir-faire culturel. Parler de la banlieue. Parce que j’y ai grandi et que là bas, l’«état d’urgence » est décrété depuis plus de 20 ans. Écrire des dialogues aussi. Ça n’a l’air de rien. Et pourtant.

Ce qui est délicat avec le terme « banlieue », c’est qu’il fonctionne comme un label. Il produit tout un tas de fantasmes, il stigmatise, il fascine, il attise les peurs, lance des modes, catalyse un grand nombre de « phénomènes de société ». Je ne veux pas traiter de cela. La banlieue est ici un contexte, une toile de fond. Ce qui m’intéresse c’est de parler, à travers le ressouvenir de ma propre expérience, de l’impact qu’ont les territoires sur nos personnalités et nos rapports au monde.

Des territoires (Nous sifflerons la Marseillaise…) n’est pas un traité sociologique ou un manifeste politique pour autant. C’est une pièce de théâtre. Aucun point de vue ne l’emporte sur l’autre. Rien ne décide pour le spectateur de ce qu’il doit en penser. Il n’est pas question non plus de verser dans l’état des lieux glauque ou la flagellation austère. Au contraire, la place de l’humour y est essentielle. Elle seule a cette capacité bienfaitrice de valoriser notre ridicule, notre lâcheté, nos faiblesses communes, pour en faire les expressions les plus honnêtes, et les plus promptes à nous faire rire de notre humanité.

Baptiste Amann
novembre 2015

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(…) le dramaturge et metteur en scène fait du théâtre sans grands airs ni messages lourds, mais il ouvre des perspectives d’habitude peu dessinées sur nos scènes. Epaulé par des acteurs complices, il sait émouvoir, faire réfléchir. Et rire aussi !
E. Bouchez, Télérama

Ce qui est remarquable, c’est la façon dont Baptiste Amman, s’empare de la situation. A cette fratrie, à cette banlieue, il ne donne aucun contour fixe pour ne pas verser dans le cliché. La question du territoire ne lui est pas étrangère. Et c’est elle qu’il creuse, en lui donnant une épaisseur de vie. Territoire intime, territoire social, territoire politique : tous s’imbriquent. Mais rien de ne pèse dans ces Territoires finement parcourus.
B.Salino, Le Monde

L’écriture, savamment quotidienne, est riche en dialogues drôles, tendres, féroces parfois.
D. Méreuze, La Croix

(…) la société dont Baptiste Amann semble vouloir rendre compte ne se pense plus et ne se construit plus simplement en contre. Elle est emportée, emmêlée en elle-même, par toutes les formes de rejets devenus banalement, tragiquement, quotidiens et imbriqués les uns les autres à la manière de l’habitat si caractéristique des banlieues françaises.
H. Pons, Les Inrocks

(…) La troupe ose les incursions musicales, les chocs émotionnels, les allers retours entre confidence et dialogue.  Et pose la question des idéaux. C’est magistral et ces jeunes comédiens sont d’une belle maturité. Ici, l’histoire familiale rejoint l’histoire d’un peuple.
C.Musseau,  Sud Ouest

 

Participant·es

Mise en scène Baptiste Amann

Avec Solal Bouloudnine,  Samuel RéhaultLyn ThibaultOlivier Veillon

assistant à la mise en scène Yohann Pisiou
lumières Sylvain Violet
scénographie Philippe CasabanEric Charbeau
son Léon Blomme
costumes Wilfrid Belloc
construction décor Nicolas Brun, Maxime Vaslin

 

Production Compagnie du Soleil Bleu (dans le cadre de la Pépinière du Soleil Bleu & Glob Théâtre).

Coproduction la Comédie de Reims – Centre Dramatique national, l’ADAMI, l’OARA – Office Artistique de la Région Aquitaine, l’IDDAC – Institut Départemental de Développement Artistique et Culturel – Agence Culturelle de la Gironde, le Glob Théâtre – Bordeaux, Théâtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines.  

Avec le soutien financier du Ministère de la Culture/DRAC Aquitaine et la Ville de Bordeaux, de l’ONDA.

Avec le soutien de Montévidéo – Centre de créations contemporaines (Marseille), de l’OUTIL.

La Compagnie du Soleil Bleu est conventionnée par le Ministère de la Culture/DRAC Aquitaine, subventionnée par le Conseil régional d’Aquitaine, la Ville de Bordeaux et le Conseil général de la Gironde.

Ce texte a fait l’objet d’une mise en voix à Théâtre Ouvert dans le cadre de F.T.O#1 en novembre 2014 ainsi que d’une fiction radiophonique dans le cadre de Radio sur un plateau à Théâtre Ouvert en décembre 2014.

 Il est édité dans la collection Tapuscrit/Théâtre Ouvert. 

Baptiste Amann a reçu les encouragements du CNT pour ce texte en mai 2015. 

EN TOURNÉE
Glob Théâtre – Bordeaux : du 12 au 22 janvier 2016
Théâtre Ouvert : du 29 janvier au 19 février 2016
Comédie de Reims : du 23 février au 5 mars 2016